Loin des carcans imposés par l’image, le son s’érige en média de la révolte, à la fois pédagogique, intime et politique.
Le corps peut-il être soluble dans le son ? A l’instar de Scarlett Johansson qui, dans Her (de Spike Jonze, 2014), n’existe que par sa seule voix. Cette voix qui accompagne les gestes les plus simples du quotidien. Comme si, bien que disjointe d’un corps et de son image, elle devenait un être à part – floutant les frontières de la chair et du virtuel. A la fois si proche et pourtant si loin. Un peu comme la parole d’Hugo, ce jeune homme qui va développer une véritable obsession vis-à-vis de ses voisin·es… “C’est vrai que mon histoire, c’est un peu une histoire de perversion.”
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Hugo, nous ne le connaissons pas, mais nous avons pourtant l’impression d’être à côté de lui. On imagine presque les expressions qui se dessinent sur son visage. Sa voix est calme, la musique est douce, le propos, très fort et surtout séquencé. Et c’est un peu tout ça qui déclenche chez nous un sentiment étrange, mais qui donne surtout envie d’écouter la suite. Cette “histoire de perversion”, Hugo la raconte dans le premier épisode de Transfert, le podcast de Slate.fr lancé en juin 2016. En France, cet épisode a marqué les esprits des auditeur·trices de podcasts.
https://soundcloud.com/slate-fr/hugo-voisins
Témoignages, entretiens, enquêtes, récits intimes…, il existe désormais une multitude de formats, et sur à peu près toutes les thématiques imaginables. Ecouter un podcast natif (c’est-à-dire n’existant qu’en ligne), c’est avant tout écouter ces histoires et ces conversations ancrées dans notre époque.
“Ces voix qui n’ont pas été entendues”, comme le résume justement la journaliste Victoire Tuaillon. Face à une offre médiatique trop figée, le podcast ouvre le champ des possibles. Ce qui nous frappe alors, c’est l’immense succès des podcasts féministes tels que Les Couilles sur la table, Un podcast à soi ou La Poudre.
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Loin des carcans imposés par l’image, le son s’érige ici en média de la révolte, à la fois pédagogique, intime et politique. Chacun·e reprend le pouvoir sur son récit et laisse place à l’imaginaire… Les podcasts sont en passe de devenir un véritable phénomène culturel. Avec ses codes, ses communautés et son modèle économique. Un engouement qui ne retombe pas, surtout auprès des 15-34 ans. Au mois de juin dernier, près de 100 000 podcasts ont été téléchargés (selon Médiamétrie).
Et s’il n’y avait finalement rien de plus simple que d’écouter un podcast ? Pourquoi ces voix nous transportent-elles autant ? Sont-elles l’avenir des médias ? La fiction sonore remplacera-t-elle les films ? Pas si sûr… Si les maisons de production fleurissent, elles peinent encore à trouver un équilibre idéal. Quoi qu’il en soit, elles ouvrent la voix.
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