Pas besoin d’être Olivier Duhamel pour comprendre que quand plus d’un électeur sur deux part à la pêche, c’est un très mauvais signe pour notre démocratie, qui relativise tous les autres résultats.
A quelques nuances près, les résultats de ce premier tour des Régionales sont conformes aux attentes. L’UMP s’est prise la baffe prévue : 26% pour un parti au pouvoir, sans grosses réserves de voix pour le second tour, et à comparer aux 33% des Régionales 2004, c’est un beau gadin. Les Français commencent a comprendre massivement le mélange de nocivité et de cynisme qui mène ce pays depuis trois années.
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Autre gros battu du week-end, le Modem : de quoi éclaircir ponctuellement les hésitations stratégiques à gauche. L’extrême-gauche est passée de 5% en 2004 à 3,3% (dont 2% pour le NPA) : malgré la crise et le ravalement de façade de la vieille LCR, la gauche radicale porte de moins en moins les espérances des électeurs qui lui préfèrent le Front de gauche (6%), moins sectaire.
Dans la catégorie des ni vraiment gagnants ni franchement perdants, Europe Ecologie et le FN.
Les troupes de Cohn-Bendit ne talonnent pas le PS, et à 12, 5 %, elles sont en-dessous de leurs espérances. Mais si on compare ce qui est comparable, les Verts étaient à 2,25% au premier tour des dernières Régionales. Europe Ecologie s’installe dans le paysage politique, brille dans certaines régions (16% en Ile-de-France) et devient de justesse le troisième parti de France. Bilan globalement positif comme disait l’autre.
Quant au FN, il est à 12%, en deça de son précédent score au même scrutin (14, 7%) et n’a pas de quoi fanfaronner. Reste qu’il monte à 20% en Paca ou dans le Nord (bienvenue chez les Ch’tis). Qu’une telle formation demeure incrustée au-dessus des 10% demeure une forme de honte nationale. Et la tambouille pas fraîche concoctée par les Sarkozy-Besson-Hortefeux (identité nationale, quotas d’expulsions et autres chienneries) n’y change rien.
Et maintenant, place aux vainqueurs. Avec 30% et un petit chelem en vue, le PS recueille les fruits de sa gestion des régions et du ras-le-bol sarkozien. Premier parti de France, premier parti de gauche et de loin, la formation à la rose a repris des couleurs depuis sa guéguerre des cheftaines.
Malgré tout, le grand gagnant de ce premier tour n’est pas le PS mais le taux d’abstention: 53%, contre 39% au premier tour des Régionales 2004, « c’est énoooorme! », comme dirait la marionnette Castaldi aux Guignols. Sauf qu’il n’y a pas de quoi rire. Pas besoin d’être Olivier Duhamel pour comprendre que quand plus d’un électeur sur deux part à la pêche, c’est un très mauvais signe pour notre démocratie, qui relativise tous les résultats commentés plus haut.
Difficulté à saisir les enjeux des Régionales ? Piètre qualité de la campagne ? Effets de la crise ? Symptôme de déprime ou de colère ? A tort ou à raison, les Français croient de moins en moins en l’action politique. On peut comprendre les raisons de cette désertion, mais sans l’accepter : l’abstention fait toujours le jeu du pire.
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