Les évènements se bousculent à Toulouse et à l’heure de ce billet, la première réaction est un début de soulagement. On souhaitait promptitude et réussite aux enquêteurs et policiers, un suspect se réclamant d’Al Qaida est actuellement cerné par le Raid. Il reste à réussir son arrestation et à établir formellement que cet individu est […]
Les évènements se bousculent à Toulouse et à l’heure de ce billet, la première réaction est un début de soulagement. On souhaitait promptitude et réussite aux enquêteurs et policiers, un suspect se réclamant d’Al Qaida est actuellement cerné par le Raid. Il reste à réussir son arrestation et à établir formellement que cet individu est bien l’auteur des meurtres en série de la région toulousaine.
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Ensuite, si cette signature islamiste se confirmait, il faudra en savoir plus sur le profil psychologique du meurtrier et sur le contexte de ses actes : agissement en solitaire, au sein d’un groupuscule ou avec le blanc-seing de la « direction » de la nébuleuse terroriste.
Mais quels que soient le contexte opératoire ou la nature des revendications affichées, les coupables de tels actes répugnants sont leurs auteurs seuls et certainement pas tel gouvernement ou tel contexte géopolitique.
Les massacres de Toulouse et Montauban rappellent les attentats de Madrid par leur timing en pleine campagne électorale, et ceux de Londres et de Norvège au sens où le présumé auteur est français. On ne sait pas comment vont réagir nos leaders politiques et nos candidats, mais la bonne distance sera difficile à trouver entre juste analyse et exploitation politicienne grossière.
Un attentat islamiste au cœur de notre pays, c’est théoriquement pain béni pour la droite au pouvoir et l’extrême-droite, ne serait-ce qu’en amenant dans le débat public et à cinq semaines du premier tour de la présidentielle des thématiques telles que l’insécurité, l’immigration ou le terrorisme.
L’UMP et le FN auraient pourtant tort de surenchérir et d’oublier que les victimes étaient juives, antillaises, arabes et/ou musulmanes, toutes représentatives de la diversité française.
Si Sarkozy, son gouvernement et son camp politique ne sont pas coupables, on attend d’eux l’attitude responsable, la hauteur de vue et la tenue républicaine qui leur ont parfois tellement manqué au cours de ce mandat présidentiel et de la campagne électorale.
Le FN serait aussi bien avisé de soupeser ses propos et réactions à venir et de ne pas surexploiter un évènement où ont été abattus des militaires musulmans et des enfants juifs quelques semaines après l’hommage public de Jean-Marie Le Pen à l’écrivain antisémite et collabo Robert Brasillach, sans oublier la présence récente de Marine Le Pen et de son père à une réception viennoise d’extrême-droite où valsaient antisémites, négationnistes et néo-nazis.
Dernier point, si le tueur présumé est bien le tueur, son acte et ses revendications internationalistes signifieraient que la violence de la géopolitique mondiale a percuté le territoire français. Si l’on doit s’étonner, c’est que ce ne soit pas arrivé plus tôt alors que tant d’autres pays ont été touchés par la terreur aveugle depuis le 11 septembre 2001.
Contrairement à ce qu’indiquait la tonalité très franco-française de la campagne jusqu’à cet évènement, la France ne vit pas dans une bulle isolée mais dans un monde en perpétuel mouvement et parfois dangereux. Les conflits internationaux pas plus que la question terroriste ne se règlent d’un coup de baguette magique, mais la France, comme tous les pays occidentaux, doit une fois de plus réfléchir, d’une part aux relations avec les états arabo-musulmans, d’autre part aux moyens les plus efficaces et intelligents de combattre la terreur.
Le djihadisme ne disparaitra certes pas de sitôt, mais il est clair que l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan ou la stagnation de la situation palestinienne ont contribué à entretenir ce phénomène plutôt qu’à le diminuer.
Serge Kaganski
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