Un beau livre retrace l’œuvre d’un des plus importants cinéastes X français des années 1970 qui se revendiquait autant d’Abel Gance que d’Eisenstein.
Nous sommes au début des années 1970. L’esprit flower power grignote du terrain, la pilule contraceptive arrive sur le marché et l’Hexagone s’éveille enfin à la libération sexuelle. Mais l’imaginaire ne suit pas. Si Gorge profonde cartonne en salle dès sa sortie aux Etats-Unis en 1972, la vieille Europe reste sous la coupe de censeurs frileux. Ce qui lui manquait, c’était un Gérard Kikoïne : quelqu’un qui n’ait pas peur de se revendiquer du montage cut d’Eisenstein ou d’Abel Gance pour ses scènes de cul.
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Formé comme monteur son puis monteur image, Kikoïne voit sa première réalisation – l’érotique et gentillet L’Amour à la bouche – censurée à Cannes en 1974. Ce qui le fait basculer dans le porno : si le film est interdit aux moins de 18 ans, autant y insérer de véritables séquences hard.
S’ensuivent environ vingt-cinq films tournés à un rythme frénétique en une poignée d’années, qui l’installeront comme le principal émissaire du porno franchouillard des années Giscard. Riche en clichés vintage, le Kikobook (que celui qui n’a pas pensé à “Kiko, tu veux voir ma… ?” nous lance la première pierre) revient avec humour sur l’âge d’or du coït couleur sépia. “Avant que la loi du X nous fasse débander un chouïa”, conclut l’intéressé avec une pointe de nostalgie.
Ingrid Luquet-Gad
Kikobook (Editions de l’Œil), 368 pages, 69 €
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