[Le MLF a 50 ans] De l’action à l’Arc de triomphe du 26 août 1970 à la cérémonie des César de 2020, retour sur cinquante années de combats pour les droits des femmes.
Le 26 août 1970, neuf femmes se rendent à l’Arc de Triomphe pour déposer une gerbe à une personne “encore plus inconnue que le soldat inconnu” : sa femme. La police les arrête. Le lendemain, la presse évoque le “mouvement de libération de la femme” (comme elle le baptise) pour la première fois. L’action est généralement considérée comme l’acte fondateur du MLF, le mouvement de libération des femmes.
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Le 20 novembre 1971, c’est la première grande manifestation organisée par le MLF. Plusieurs milliers de femmes défilent dans les rues de Paris pour protester contre l’interdiction de l’avortement.
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En octobre et novembre 1972, l’avocate Gisèle Halimi (ici, deuxième en partant de la gauche, le 22 novembre 1972) va utiliser le procès de Bobigny pour médiatiser la question et faire le procès de la loi qui interdit l’avortement. Elle défend Marie-Claire Chevalier (au centre), une jeune fille qui a avorté illégalement alors qu’elle avait 16 ans, suite à un viol, ainsi que sa mère Michèle (entre Gisèle Halimi et Marie-Claire).
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Lors de ce procès, Gisèle Halimi appelle à la barre des “grands témoins”, comme l’actrice Delphine Seyrig (à droite), très engagée pour les droits des femmes, qui témoignera avoir avorté.
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Il y a d’abord un premier procès, celui de Marie-Claire, qui est jugé à huis clos par le tribunal pour enfants car elle est mineure. Elle est relaxée. Lors de ce procès, le 11 octobre 1972, des militantes du MLF et d’autres se rassemblent devant le tribunal de Bobigny, pour la soutenir.
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Le 8 novembre 1972, c’est au tour de la mère de Marie-Claire, de deux collègues qui l’ont aidée à trouver une adresse et de l’avorteuse de passer devant la justice. Là encore, des manifestant·es sont présent·es devant le tribunal et, comme on peut le voir sur cette photo, s’affrontent avec les forces de l’ordre. Les deux collègues sont relaxées, Michèle Chevalier écope d’une amende légère, avec sursis, et l’avorteuse est condamnée à un an de prison avec sursis.
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Le 25 novembre 1972, des militantes féministes et quelques hommes manifestent à Paris pour réclamer, une fois de plus, l’avortement libre et gratuit.
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Alors que l’avortement est encore illégal, le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) organise des voyages en cars vers les Pays-Bas, où les femmes ont le droit d’avorter.
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Ici, le 22 mars 1974 à Paris, des féministes manifestent devant un autocar qui revient d’Amsterdam. La loi Veil, qui autorise l’avortement, est promulguée le 17 janvier 1975.
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Antoinette Fouque, figure de proue du courant “Psychanalyse et Politique” du MLF, lance avec d’autres femmes les éditions des femmes ainsi qu’une Librairie des femmes, qui ouvre en mai 1974, rue des Saints-Pères, à Paris. La librairie est désormais située rue Jacob.
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Les manifestations du MLF (ici le 6 mars 1976 à Paris) sont connues pour leurs slogans inventifs, comme “Travailleurs de tous les pays… qui lave vos chaussettes ?” ou “Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette”.
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Lors du procès d’Aix-en-Provence, le 2 et 3 mai 1978, trois hommes sont poursuivis pour le viol d’un couple de femmes, Anne Tonglet et Araceli Castellano (à droite sur la photo), qui faisaient du camping dans une calanque. Avocate du couple, Gisèle Halimi va utiliser la même stratégie que lors du procès de Bobigny et médiatiser l’évènement pour interpeller la société et les législateurs. Elle réaffirme que le viol doit être jugé comme un crime.
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Encore une fois, les militantes du MLF et de l’association Choisir sont présentes pour soutenir la cause et médiatiser l’évènement. Sur cette photo, elles manifestent le 2 mai 1978, dans les rues d’Aix-en-Provence.
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Le 24 novembre 1979, des féministes mais aussi des politiques et des syndicats descendent dans la rue pour demander l’adoption définitive de la loi Veil sur l’avortement (initialement votée uniquement pour cinq ans).
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Le 6 mars 1982, des militantes défilent à Paris, où des Etats Généraux contre la misogynie sont organisés dans le cadre de la journée Internationale des droits des femmes du 8 mars.
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On retrouve encore le terme MLF revendiqué comme ici, lors de la manifestation pour la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 1982, place de la République, à Paris, mais le mouvement s’essouffle au début des années 1980.
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Les années 1990 sont marquées par le débat sur la parité, notamment lancé, en 1992, par le livre Au pouvoir citoyennes ! Liberté, égalité, parité, de Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall. Sur cette photo, des manifestantes sont rassemblées devant le Sénat, le 26 janvier 1999, pour demander l’inscription dans la loi du principe de la parité.
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En novembre 1999, des membres de l’association “Les chiennes de garde” (ici le 8 mars 2000) protestent contre le restaurant parisien le Fouquet’s, qui a refusé de servir deux femmes car elles n’étaient pas accompagnées d’un homme.
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Le 8 mars 2000 est lancée une Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et les violences faites aux femmes, à l’initiative de la Fédération des Femmes du Québec. Ici, lors de la marche parisienne, une manifestante reprend le fameux slogan de l’action du 26 août 1970 à l’Arc de triomphe, mais cette fois avec un twist lesbien.
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Le 17 octobre 2000, toujours dans le cadre de la Marche mondiale des femmes de l’an 2000, des femmes redécorent la statue de la place de la République à Paris.
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Dans les années 2000, la Coordination lesbienne en France (ici lors de la marche du 25 novembre 2012 contre les violences sexistes) milite pour faire connaître le terme “lesbophobie” pour décrire “l’aversion, le mépris ou la haine à l’égard des lesbiennes” qui “se manifeste par des comportements de rejet, de discriminations et de violence où se conjuguent homophobie et sexisme”.
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L’association Ni putes ni soumises (ici le 7 juin 2008) naît en 2003, avec la “Marche des femmes des quartiers pour l’égalité et contre les ghettos”, qui a lieu du 1er février au 8 mars 2003.
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L’association a été fondée par Fadela Amara (à gauche) et Samira Bellil (à droite), qui a raconté les viols collectifs dont elle a été victime dans le livre Dans l’enfer des tournantes, en est la marraine.
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A partir de 2008, le groupe La Barbe intervient régulièrement lors de réunions, de conférences, ou d’assemblées pour dénoncer le monopole du pouvoir par les hommes.
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Lors de leurs actions (ici lors d’une assemblée générale des actionnaires du groupe Casino à la Bourse à Paris, le 29 mai 2008), elles investissent ces lieux d’entre-soi masculin, barbe sur le visage, pour féliciter ironiquement les organisateurs et rendre visible la domination masculine.
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La manifestation du 8 mars 2010 est marquée par les 40 ans du MLF et le lancement de la troisième Marche mondiale des femmes. Ici, les manifestantes reprennent la célèbre phrase de Benoîte Groult : “Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours.”
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Le 18 septembre 2012, les militantes ukrainiennes du groupe Femen (fondé à Kiev en 2008), connues pour leurs actions seins nus, ouvrent un centre à Paris.
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Créé en 2009, l’association Osez le Féminisme ! a mené toute une série de campagnes : contre les violences sexuelles, pour la reconnaissance du terme “féminicide”, contre le harcèlement dans les transports en commun ou encore, comme sur cette photo le 26 août 2013, pour le transfert de cendres de femmes célèbres au Panthéon.
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A l’occasion du 8 mars 2012, plusieurs organisations se sont réunies sous l’étiquette “8 mars pour TouTEs” pour organiser un cortège indépendant lors de la manifestation pour la journée des droits des femmes, où les femmes portant un voile et les travailleuses du sexe sont les bienvenues (ici, lors du cortège du 8 mars 2014).
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Le 21 janvier 2017, au lendemain de l’inauguration de la présidence de Donald Trump, des centaines de milliers de personnes défilent pour protester contre la politique prônée par le nouveau président américain. Cette “Women’s march” a lieu à Washington et partout dans le monde, et notamment à Paris.
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Révélée en octobre 2017 par le New York Times, l’affaire Weinstein provoque une onde de choc à travers le monde. De très nombreuses femmes prennent la parole pour témoigner des violences sexuelles qu’elles ont vécues, sur les réseaux sociaux ou lors de manifestations, comme ici le 29 octobre 2017 à Paris.
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Un peu plus d’un an après le scandale de l’affaire Weinstein, le collectif Nous Toutes organise une grande marche contre les violences sexistes et sexuelles, le 24 novembre 2018. Selon les organisatrices, 80 000 personnes ont défilé dans une cinquantaine de villes.
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Depuis septembre 2019, des femmes collent le nom de victimes de féminicides, ou des slogans féministes, sur les murs des villes. En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou par leur ex-compagnon, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
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Lors des mobilisations contre la réforme des retraites, en janvier 2020, la figure de “Rosie la riveteuse” est reprise par des militantes pour effectuer une chorégraphie très efficace au son de “A cause de Macron”.
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Lors de la cérémonie des César, le 28 février 2020, des militantes féministes se rassemblent devant la salle pour protester contre les douze nominations du film de Roman Polanski, qui a été accusé de viol et d’agressions sexuelles par plusieurs femmes. A l’annonce de la victoire de Roman Polanski, sacré meilleur réalisateur, Adèle Haenel et Céline Sciamma quittent la salle. “Désormais on se lève et on se barre”, commente Virginie Despentes dans Libération.
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