Le destin ironique et cruel de la famille Empain, dont le gigantesque empire industriel péréclita au début des années 1980 après un fait divers qui défraya la chronique.
Le 23 janvier 1978, le baron Edouard-Jean Empain, puissant homme d’affaires à la tête de la filière nucléaire française et séduisant héritier d’une dynastie de capitaines d’industrie belges, était enlevé près de son domicile parisien. Un rapt crapuleux dont le feuilleton médiatique tiendra l’opinion en haleine durant plus de deux mois, étalant à longueur de colonnes, outre les progrès de l’enquête, les frasques extraconjugales de cet amateur de jolies femmes et de poker.
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Grand déballage qui ternira son image et, plus encore que le traumatisme de la séquestration ou de l’amputation de son auriculaire sectionné par ses ravisseurs, brisera sa fulgurante carrière. En se retirant contraint et forcé, trois ans après son enlèvement, du groupe Empain-Schneider qu’il présidait avec l’énergie et la foi des grands bâtisseurs, celui qu’on appelle aussi “Wado” solde les derniers vestiges d’une des plus puissantes dynasties capitalistes européennes, aujourd’hui tombée dans l’oubli.
Histoire, romanesque en diable
Un empire industriel colossal, oblitéré par un simple fait divers, tel est le destin ironique de la famille Empain, dont le foisonnant documentaire de Tanguy Cortier et Alice Gorissen retrace l’histoire, romanesque en diable, notamment en recueillant la parole émue du baron dans la propriété familiale.
A l’origine de cet empire, le grand-père, Edouard Empain, fils d’un instituteur wallon, self-made man excentrique et visionnaire, animé d’une folle passion conquérante. Profitant de l’essor du capitalisme belge encouragé par le roi Léopold II et des avancées techniques marquant l’entrée dans le XXe siècle, il fit fortune en développant l’industrie ferroviaire un peu partout en Europe et en exploitant les ressources minières au Congo belge.
Une ville en plein désert égyptien
Il participa à la construction du métro parisien, investit dans le chemin de fer et l’électricité, bâtit de toute pièce une ville en plein désert égyptien, l’Héliopolis moderne, soutint l’effort de guerre en 1914-18, ce qui lui vaudra son titre de général et baron. Titre de noblesse qu’il transmettra à ses fils, le noceur Jean (le père de Wado), qui préférera une vie de plaisirs aux affaires, et l’austère Louis, épris de sainteté, qui finira par abandonner tous ses biens…
Les Barons Empain, la dynastie fracassée documentaire de Tanguy Cortier et Alice Gorissen. Mercredi 13, 22 h 55, Arte
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