Les dirigeants du PS se préparent à organiser la primaire sans le favori des sondages. Attention au réveil de la guerre des roses.
Séisme. Day 5. Dans l’attente des décisions de la justice new-yorkaise, les socialistes passent une des semaines les plus irréelles de leur histoire. Après la sidération, dimanche matin, lorsqu’ils ont appris l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, est venu le choc des images du patron du FMI, menotté, KO debout au tribunal. Puis le deuil a commencé, surtout pour les partisans de DSK, qui ne cachaient plus leur impatience alors que l’entrée en scène de leur champion se précisait pour le mois de juin.
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Mais derrière les pleurs de Martine Aubry lors du bureau national, mardi midi, derrière les paroles des ténors socialistes évoquant tous « une tragédie », « un drame », la bataille de l’héritage a déjà commencé.
A Bordeaux mardi soir, Martine Aubry a confié que la « solidarité » du millier de militants venus l’écouter parler du projet socialiste lui faisait « chaud au coeur ». Dans la coulisse, les amis de la première secrétaire du PS affirmaient avec force que le temps n’est pas venu d’une déclaration de candidature à la primaire mais à la défense de « l’unité » du parti.
La maire de Lille, qui fait les choses « à son rythme« , attend en fait la convention du projet, le 28 mai, pour penser à la suite. En attendant, ses amis, comme Claude Bartolone ou Henri Emmanuelli, la poussent à faire son devoir, à tenir son rôle.
Histoire « d’entretenir la flamme et de tordre le cou à l’idée qu’elle ne serait que la candidate de substitution » après le retrait forcé de DSK, explique un partisan de la patronne du PS.
Certains aubrystes expliquent même que « rien n’était joué » et que « Dominique et Martine devaient se revoir » cette semaine pour avancer vers le dénouement du « pacte de Marrakech », qui prévoyait qu’ils ne seraient pas candidats à la primaire l’un contre l’autre.
Si, ce qui semble peu probable, Martine Aubry décidait toutefois de ne pas aller « se fracasser dans une primaire face à François Hollande« , plusieurs responsables socialistes se tiennent prêts à tenter de barrer la route au député de Corrèze, qui est passé depuis dimanche du statut de challenger à celui, plus dangereux, de favori. A commencer par Laurent Fabius, qui nourrit pour François Hollande une haine inextinguible depuis le référendum sur la Constitution européenne de 2005. Mais Bertrand Delanoë est lui aussi tenté.
Face à ce qui ressemble à la constitution d’un front TSH, « tout sauf Hollande« , les amis du Corrézien restent sereins. A l’image de celui qui en défendant l’idée d’une présidence « normale » s’est construit en opposition à Nicolas Sarkozy… mais a su aussi se différencier de Dominique Strauss-Kahn. François Hollande continue sa campagne, mélange de déplacements de terrain, de meetings et de voyages à l’étranger, qui lui a permis d’installer sa candidature dans l’opinion.
Un de ses proches juge qu’il a « le tact de ne pas demander aux autres ce que les strauss-kahniens lui demandaient depuis des semaines, c’est-à-dire de se retirer face à celui qui fait la course en tête« …
Nul ne sait encore quel choix fera Ségolène Royal. Invitée mardi du 20h00 de TF1, l’ex-candidate de 2007 a affirmé que « rien » ne pourrait la « faire renoncer« . Pour l’instant, elle est à la traîne dans les sondages mais veut croire que le chamboule-tout déclenché par la chute de DSK fera tourner la chance.
Sinon, en cas de duel Hollande-Aubry dans un second tour de primaire incertain, Ségolène Royal aurait à choisir entre son ancien compagnon, à qui elle reproche son manque de soutien en 2007, et Martine Aubry, qui l’a emporté dans des conditions controversées lors de l’élection au poste de premier secrétaire en novembre 2008. Le cauchemar des socialistes pourrait ne bien faire que commencer.
Hélène Fontanaud
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