Buffalo is back ! Vestes de costard et docs montantes, bombers et derbies en cuir, jogging et snood en vison… la dégaine Bufalo, qui mixe des pièces streetwear avec des pièces de haute couture est un incontournable de la culture jeune des années 1980. Imaginé par le styliste écossais Ray Petri, le look Buffalo semble être redevenu un must dans les […]
Buffalo is back ! Vestes de costard et docs montantes, bombers et derbies en cuir, jogging et snood en vison… la dégaine Bufalo, qui mixe des pièces streetwear avec des pièces de haute couture est un incontournable de la culture jeune des années 1980. Imaginé par le styliste écossais Ray Petri, le look Buffalo semble être redevenu un must dans les grandes villes européennes. A l’occasion de la sortie de la nouvelle collection Dr. Martens (Spirit of Buffalo) à l’effigie de ce mouvement artistique sur le retour, Barry Kamen et Jamie Morgan se livrent. Le styliste et le photographe, bras gauche et bras droit de Petri, mort du sida en 1989, reviennent sur le mouvement originel, la révolution qu’il a provoquée, ses influences, son héritage et ses avatars modernes.
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Conçu par un collectif d’artistes (stylistes, photographes et mannequins), le mouvement Buffalo démarre dans les années 1982-1983 et innove radicalement. Les codes vestimentaires venus de la rue sont, pour la première fois, mélangés avec des pièces de grand couturiers pour élaborer un look atypique et inédit, « toujours un peu punk et toujours un peu rock » explique Barry Kamen.
Outre l’ apparence physique, le mouvement Buffalo est aussi un état d’esprit (d’où le nom de la collection Dr. Martens) : rebelle d’abord puis anticonformiste et insolite. Pas question de prendre des égéries lisses et sages pour incarner cet esprit. Neneh Cherry, Naomi Campbell ou encore Nick Kamen, le sulfureux frère de Barry, posent les bases du « Buffalo Stance » ( la posture Buffalo) qui continue d’exister trente ans plus tard. Sous une forme légèrement revisitée par des icônes pop et prescriptrices de tendances comme Beyoncé, Rihanna, Justin Timberlake ou encore Gwen Stefani.
Selon Jamie Morgan, à qui l’ont doit une grande partie des clichés de mode de l’époque estampillés « Buffalo style » et instigateur du mouvement, la réappropriation contemporaine des codes et de l’apparence Buffalo ne signifie pas que Buffalo est de retour. » L’essence même de ce mouvement, à savoir, le punk, n’est plus. Le style Buffalo d’aujourd’hui, n’est plus comme on adorait le dire : « punky ». Les peoples copient le style en assemblant des pièces mais ce n’est plus tout à fait celui que nous avons lancé avec Ray et Barry. Aujourd’hui, on a affaire à un Buffalo style mais à la sauce 2015″.
Autre caractéristique fondamentale du mouvement Buffalo originel qui, d’après lui, manque aujourd’hui : l’attitude. « Cette attitude dure. Ce côté créatif et aussi mais surtout rebelle. On ne le retrouve plus du tout aujourd’hui ». Pour Barry Kamen, les acteurs du néo Buffalo des années 2014-2015 n’ont « plus grand chose à voir avec les acteurs originaux. Il y a de grandes ressemblances sur la forme mais pas sur le fond ».
Le film de Jamie Morgan réalisé pour la sortie de la collection Spirits of Buffalo de Dr Martens et raconté par Neneh Cherry résume en quelques minutes le fameux esprit Buffalo des années 1980. Lorsqu’il parle du tournage, il explique : » tous les jeunes et les moins jeunes que j’ai interviewés pour le film me parlaient de rébellion, d’expression, de créativité…et ils portaient presque tous des Dr. Martens! ». En effet, la marque, depuis sa création dans les années 1920, s’est toujours revendiquée comme une marque rock, punk, grunge mais surtout porteuse d’un esprit rebelle et subversif. Et c’est pour cette raison que la collaboration entre l’enseigne et les pères du mouvement Buffalo marche aussi bien.
Un mouvement 2.0 avant même l’arrivée d’Internet
Dès le début des années 1980, Barry commence à mixer des pièces venues de partout, comme s’il avait repéré des looks sur Internet. Mais à cette époque, le virage technologique en est à ses débuts et Barry va chercher son inspiration dans les magazines ou à travers ses voyages. « Avant lorsqu’Internet n’existait pas, créer un concept ou dénicher quelque chose voulait dire s’y intéresser en profondeur, se renseigner, étudier, s’investir. Maintenant, avec le web, tout est plus facile. C’est moins profond mais c’est plus sauvage. Et je trouve ça très intéressant ! ».
Lorsqu’on leur demande s’ils avaient conscience de l’impact futur du phénomène Buffalo et de l’héritage qu’ils ont laissé dans l’histoire de la mode au XXe, le duo répond évidemment « non ». « Nous n’avons jamais pensé que Buffalo s’inscrirait à ce point dans l’histoire. On ne pensait pas à la suite, on le faisait, c’est tout. Mais trente ans plus tard, lorsqu’on regarde en arrière on se dit « wahou », c’est fascinant! » sourit Jamie Morgan. Il poursuit: « D’ailleurs, lorsque l’on était au top de notre créativité, ce que nous faisions prenait tellement de temps dans notre vie que nous ne pensions même pas encore à donner un nom à tout ça. L’appellation Buffalo est venue bien plus tard ».
Paris
L’époque parisienne, à la fin des années 1980, est une époque très importante pour Kamen et Morgan. Ils rencontrent des pointures de la mode et de la photo comme Jean Paul Gautier ou encore Jean Baptiste Mondino, avec qui le courant artistique passe particulièrement bien. « On lui a tout donné à Jean Baptiste ! (rires). On lui a dit « tiens prend! » et il a alors beaucoup photographié le Buffalo crew c’est-à-dire Naomi, Nick, etc. Les critères de sélection pour faire partie du Buffalo crew ? Avoir du style et être cool. « Plus les modèles venaient mal habillés, plus on s’intéressait à eux. Parfois certains restaient après le shooting, il étaient là, à trainer, mal habillés et nonchalants, et c’est ceux là que l’on gardait ».
Pour visualiser la collection Dr. Martens Spirit of Buffalo : http://www.drmartens.com/us/buffalo
Mathilde Samama
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