Les deux explosions ce lundi matin dans le métro de la capitale russe, qui ont fait au moins 37 morts et 65 blessés, sont la preuve que, plus de dix ans après, rien n’a été réglé entre le Caucase du Nord et Moscou.
Du déjà vu. Après deux explosions qui ont fait au moins 37 victimes et 65 blessés dans le métro de Moscou lundi matin, c’est le sentiment de millions de Moscovites, qui, dans la dernière décennie, ont subi ce genre d’attaques à plusieurs reprises. Comme en 2004 (41 victimes, 250 blessés) dans ce même métro, ou, fin 2009, dans un train volontairement déraillé entre Moscou et Saint-Pétersbourg qui provoquait la mort de 28 passagers.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après chaque événement de ce genre, la « piste caucasienne » est instantanément montrée du doigt et l’enquête conclue qu’il s’agit de terroristes liés aux « événements du Caucase », voire à l’ « opération anti-terroriste » alors en cours dans la petite république de Tchétchénie. Pourtant, en ce matin de mars, personne ne s’attendait à voir surgir des stations centrales de la Loubianka et du Park Koultoury, des jeunes ensanglantés que les secours peinaient à aider tant les embouteillages paralysaient tout mouvement.
C’est que l’ « opération anti-terroriste » débutée à l’automne 1999 en Tchétchénie par le président Eltsine à la veille de passer la main à Vladimir Poutine étant officiellement achevée depuis un an, les déclarations de « normalisation » de la république caucasienne du jeune Ryamzan Kadyrov, le président tchétchène pro-russe autant connu pour sa violence que pour son niveau de corruption, avaient, dans les médias, peu à peu remplacé les longs discours justifiant les opérations militaires. Du coup, la sale guerre de Tchétchénie et son cortège de disparus, d’amputés, de blessés parmi une population civile locale traumatisée s’était presque faite oublier.
Dans ce contexte, personne n’avait plus vraiment prêté attention à l’instabilité permanente régnant, non seulement en Tchétchénie, où sont encore stationnés 80 000 troupes russes, mais surtout dans les républiques avoisinantes d’Ingouchie, du Daguestan ou de Kabardino-Balkarie. C’est là, pourtant que la « résistance » tchétchène, si difficile à chiffrer, donnée moribonde mais toujours renaissante, n’avait pas hésité, notamment ces derniers mois, à prévenir qu’elle continuerait à « frapper » dans les grandes agglomérations russes.
Pas plus tard qu’en février, son leader, Doku Oumarov, un des derniers combattants de la génération des grands noms de la guerre, déclarait sur le Net : « Si les Russes pensent que la guerre n’arrive qu’à la télé, loin du Caucase, sans les toucher, on va leur montrer que ce conflit reviendra jusque dans leurs foyers ! »
Les attaques conjointes de lundi sont-elles l’illustration de cette déclaration ? Difficile à dire. Elles sont en tous cas la preuve que, plus de dix ans après, rien n’a été réglé entre le Caucase du Nord et Moscou. Il serait pourtant grand temps que le Kremlin se penche réellement sur la nature de ses relations avec la « périphérie. »
{"type":"Banniere-Basse"}