Après le Muslim Ban, le 45e président des Etats-Unis continue sur sa lancée des mesures les plus polémiques : il a nommé de façon permanente Steve Bannon, aka « l’homme le plus dangereux de la politique américaine », au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. De quoi faire craindre le pire en ce qui concerne la politique étrangère des Etats-Unis.
Dans un récent entretien au Hollywood reporter, il affirmait que “l’obscurité a du bon” et ne rechignait pas à évoquer positivement “Dark Vador” et “Satan”. Jusqu’à présent, Stephen Bannon, 62 ans, éminence grise – tendance anthracite – de Donald Trump, n’était pas forcément sur le devant de la scène, préférant avancer caché, et ce, malgré son poste de directeur de campagne puis de conseiller du candidat républicain, comme l’explique cet article du Monde, Mais ça, c’était avant : samedi, outre la mise en place du terrifiant Muslim Ban – décret interdisant l’entrée sur le territoire américain des ressortissants de sept pays (Irak, Iran, Syrie, Yemen, Soudan, Libye, Somalie), depuis suspendu par une juge – le 45e président des Etats-Unis a nommé Stephen “Steve” Bannon, “l’homme le plus dangereux de la vie politique US” à son Conseil de sécurité nationale (CSN), et ce, de façon permanente. Guess what : ce n’est pas une bonne nouvelle.
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Car on ne parle ni de n’importe quel conseil, ni, d’ailleurs, de n’importe quel conseiller. Steve Bannon fut de 2012 à 2016 le directeur de Breitbart News, un site d’information ultra-nationaliste et conservateur que Trump a utilisé pour mener à bien sa campagne. Justement impliqué dans l’édification du Muslim Ban, il est régulièrement comparé par ses détracteurs, comme le met en avant ce papier du Time, à un incompétent raciste, xénophobe, à tendance “sociopathe”. Ce même article explique comment les protestations des internautes se sont multipliées sur Twitter suite à l’annonce de la nomination de Bannon au Conseil de sécurité nationale, outil peu connu mais pourtant essentiel de la politique étrangère américaine. Ils s’inquiètent de sa nomination : “Depuis quand ce mec de Breitbart est plus compétent que les membres de l’Etat major et la CIA concernant notre sécurité nationale ?”, s’interroge ironiquement l’un d’eux.
« Il ne pouvait pas y avoir pire personne que Bannon pour ce rôle »
En effet, d’après le correspondant du Monde à Washington, “symboliquement, cette promotion s’accompagne d’une rétrogradation significative : celles du directeur du renseignement national et du chef d’état-major.” Et d’ajouter : “L’un comme l’autre n’assisteront à ces réunions que lorsqu’il sera jugé qu’elles concernent leur domaine de ‘responsabilités et d’expertise’”. Une différence de taille par rapport à la mandature d’Obama, où ces figures siégeaient de manière permanente au CSN. Outre-Atlantique, les médias jugent également “inquiétante” et “dangereuse” cette nomination, à l’instar de David J. Rothkopf, journaliste spécialiste du sujet, qui s’est fendu d’une tribune dans le Washington Post. La situation serait, à son sens, très préoccupante :
“Il ne pouvait pas y avoir pire personne que Bannon pour ce rôle. Son expérience de la sécurité nationale se limite à un master et à sept ans dans l’Armée. Et, ce qui est encore encore plus inquiétant, c’est que les opinions racistes, misogynes et islamophobes qu’il exposait sur son site Breitbart – mais aussi son désir assumé de faire exploser notre système de gouvernement – suggèrent qu’il est peu judicieux qu’il siège de façon permanente au conseil le plus puissant du monde.”
Des personnalités, telles que le réalisateur Michael Moore, ont elles aussi dénoncé cette nomination.
https://twitter.com/MMFlint/status/826038155757363202
« Bonjour mes chers compatriotes ! Avant de commencer notre journée, je propose que l’on appelle tous la Maison blanche pour dire NON à la nomination de Steve Bannon au CSN ! »
Idem du côté des responsables politiques US : comme le signale Libération, Susan Rice, conseillère pour la sécurité nationale sous Obama, a qualifié de “dingue” cette nomination sur Twitter.
This is stone cold crazy. After a week of crazy. Who needs military advice or intell to make policy on ISIL, Syria, Afghanistan, DPRK? https://t.co/Mmyc139w3M
— Susan Rice (@AmbassadorRice) January 29, 2017
A voir les récentes mesures prises par Trump, on se dit que cette “dinguerie” n’est sans doute pas la dernière, le président américain n’en faisant qu’à sa tête et plaçant des personnes plus ou moins qualifiées à des postes à contre-emploi. Franchement, à quand la nomination d’un climato-sceptique à l’Agence de l’environnement ? Ah bah zut : il l’a déjà fait.
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