Le 11 janvier dernier, Donald Trump donnait sa première conférence de presse en tant que président américain. Un exercice durant lequel il s’est attaqué à CNN et au journaliste Jim Acosta, reprochant à la chaîne de propager des fake news. Un comble.
La conférence de presse de Donald Trump approche doucement de sa fin, quand la question sur les documents révélés sur ses pratiques sexuelles lors de son séjour en Russie lui est posée. Celui qui s’était, sur Twitter, indigné que la CIA autorise ces « fake news » à être publiées n’a pas mâché ses mots envers BuzzFeed, qui a relayé le dossier dans la journée du 11 :
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« C’est quelque chose que l’Allemagne nazis aurait pu faire. Et c’est une honte que des informations fausses, inventées, qui ne se sont jamais produites, soient révélées au public. Autant que BuzzFeed, qui n’est qu’un tas d’ordures, écrive cela. Ils vont en payer les conséquences. »
CNN en prend ensuite pour son grade, ce qui fait réagir Jim Acosta, journaliste de la chaîne, présent dans la salle. S’en suit un échange houleux entre Donald Trump et Acosta, le second tentant de prendre la parole de force pendant que le premier lui intime de se taire et de laisser parler la prochaine journaliste, « elle a posé une question, ne soyez pas grossier« .
https://www.youtube.com/watch?v=jZmqhe_8jA0
L’ironie de la situation se joue à deux niveaux. Au premier plan, Donald Trump reproche à un journaliste un comportement macho alors qu’il ne laisse pas la parole à sa consœur dans la salle. C’est un peu comme si Jérôme Cahuzac vous reprochait d’avoir volé une sucette. Mais Donald Trump qui se plaint des fake news, c’est un autre niveau.
Donald Trump, le meilleur représentant des fake news
Parce que Donald Trump n’a jamais tremblé des genoux pour diffuser des informations complètement fausses, non vérifiées et invérifiables. En 2012, le pas-encore-président américain lâche une petite bombe pour tacler Barack Obama, pleine de relents racistes, sans aucune preuve présentée en public, et affirme que celui-ci a falsifié son certificat de naissance et n’est pas né sur le sol américain, ce qui invaliderait son élection en 2012.
An 'extremely credible source' has called my office and told me that @BarackObama's birth certificate is a fraud.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 6, 2012
Et quand il n’a rien d’autre sous la main qu’une vague rumeur lancée par mail pour décrédibiliser Obama dès 2008, Donald Trump n’hésite pas à devenir sa propre source d’information. En 2011, Trump se place sur YouTube avec une série de vlog intitulée From the desk of Donald Trump, dans laquelle il exprime son avis sur la politique des États-Unis. Des vidéos dans lesquelles il affirme avoir la conviction que Barack Obama « A passé un accord avec les Saoudiens pour inonder les marchés de pétrole avant les élections afin qu’il puisse au moins le garder un peu vers le bas. », ce qui lui a valu d’être interviewé par CNBC et repris par la Fox.
https://www.youtube.com/watch?v=A1594PeZ2AM
Mais le gouvernement américain ne dissimule pas que des accords financiers obscurs à ses citoyens selon Trump, grand lanceur d’alerte dans l’âme. En plein débat durant la primaire républicaine en 2015, Donald Trump remet sur le tapis l’une de ses plus belles trouvailles : les vaccins chez les enfants sont à l’origine de troubles autistiques. Un mythe qui circule encore beaucoup aujourd’hui et que les médecins tentent de démonter au quotidien.
Bien sûr, se soucier de l’augmentation statistique du nombre de personnes touchées par des troubles autistiques aux USA depuis 30 ans n’empêche pas Donald Trump de se moquer ouvertement et publiquement de Serge Kovaleski, journaliste souffrant d’arthrogrypose.
Les fake news, ce phénomène de désinformation qui se propage sur le net depuis plusieurs années et qui alimente les pires théories complotistes, se répand sur les réseaux sociaux avec plus d’efficacité que les informations des médias traditionnels selon une étude des universités de Stanford et New York. Pourtant, rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que ces articles/vidéos, partagés en masse, affirmant que le pape soutient publiquement Trump par exemple, n’aient d’impact réel sur les avis des électeurs. Il semblerait plutôt que ces sphères d’adeptes de conspiration s’alimentent en cercle fermé. Mais le statut de personnalité publique de Trump lui a permis, bien avant de se déclarer candidat, de porter dans les médias traditionnels ces informations virales sans fondement, et notamment à la télévision.
Le William Jennings Bryan du 21e siècle ?
Au point que The Atlantic ose la comparaison avec William Jennings Bryan, homme politique américain, trois fois candidat à l’élection présidentielle en 1896, 1900 et 1908. En son temps, bien avant Twitter, Bryan s’adonne à la propagation de fausses informations via son journal personnel, créé pour l’occasion. C’est ainsi qu’il partage entre autres son opposition à la théorie de l’évolution de Darwin.
What You Should Know About William Jennings Bryan and Darwin http://t.co/YgpljkmrCF #twitterstorians #history pic.twitter.com/IhIdc4ps1i
— History News Network (@myHNN) November 20, 2014
Inventer des problèmes pour mieux les résoudre
Les fake news, Trump va jusqu’à s’en servir récemment pour s’inventer des résultats. Dana Milbank explique en novembre dans le Washington Post que l’exploit que Trump prétend avoir accomplis, à savoir sauvegarder l’usine Ford dans le Kentucky, n’a rien d’un exploit puisque contrairement à ce que prétend le président américain, Ford n’a jamais prévu de fermer cette usine.
NBC s’est penché sur ces prétendus résultats annoncés par Donald Trump, pour révéler que dans une majorité de cas de rapatriement de production sur le sol américain par des entreprises américaines produisant jusqu’alors à l’étranger, les discours de Trump n’y étaient pour rien. Ces rapatriements d’emplois étaient prévus avant même sa victoire sur Hilary Clinton. Ce que le président américain n’a pas digéré. Alors forcément, fake news. On commence à comprendre comment ça va fonctionner pendant 4 ans. Bon courage à Jim Acosta et tous ses confrères.
Totally biased @NBCNews went out of its way to say that the big announcement from Ford, G.M., Lockheed & others that jobs are coming back…
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 18, 2017
to the U.S., but had nothing to do with TRUMP, is more FAKE NEWS. Ask top CEO's of those companies for real facts. Came back because of me!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 18, 2017
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