Le patron du FMI, favori des sondages pour l’élection présidentielle de 2012 en France, a été arrêté samedi à New York et inculpé d’agression sexuelle sur une femme de chambre de son hôtel. Une affaire qui pourrait sonner le glas de ses ambitions politiques.
Séisme, coup de tonnerre… Comme chaque fois qu’elle est frappée en plein cœur, la gauche cherche les mots. Alors qu’elle venait de célébrer le trentième anniversaire de l’élection de François Mitterrand, la famille socialiste s’est réveillée dimanche avec la gueule de bois. Et se demande déjà si dans un an elle ne devra pas célébrer aussi le dixième anniversaire du 21 avril 2002.
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Samedi après-midi, alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord d’un avion d’Air France pour Paris, Dominique Strauss-Kahn a été interpellé par des policiers new-yorkais et conduit dans un commissariat de Harlem. Quelques heures plus tard, on apprend qu’il est inculpé par le parquet pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration.D’après l’un de ses avocats, DSK devrait plaider non-coupable.
Les faits qui lui sont reprochés ? Selon un porte-parole de la police new-yorkaise, cité par le New York Times, l’agression présumée aurait eu lieu vers 13 heures lorsque la femme de chambre, âgée de 32 ans, est entrée pour nettoyer la suite de DSK, croyant qu’elle était inoccupée. Le patron du FMI serait alors sorti de la salle de bains, complètement nu, et se serait jeté sur elle. Elle aurait réussi à s’échapper et a prévenu la police, qui, à son arrivée dans la chambre, n’a trouvé que le téléphone portable de DSK, signe à ses yeux d’un départ précipité.
Le directeur général du FMI devait être présenté à un juge dans la journée. S’il maintient sa ligne de défense – non coupable – le juge pourrait lui signifier son maintien en détention ou exiger une caution pour sa libération. Son passeport pourrait lui être confisqué.
Des réactions prudentes
D’ores et déjà, la classe politique française a réagi avec prudence à cette nouvelle « affaire DSK », mais la candidature du favori des sondages à la primaire PS et à la présidentielle semble désormais peu probable. Le PS est en état de choc, à l’image de sa première secrétaire, Martine Aubry, qui s’est dite « totalement stupéfaite » devant ce « coup de tonnerre ».
« J’en appelle à chacun à attendre la réalité des faits et à respecter la présomption d’innocence, à tous à garder la décence nécessaire. Je demande bien sûr aux socialistes de rester unis et responsables », a-t-elle ajouté.
Ségolène Royal a dit avoir ressenti « un choc » devant « cette nouvelle bouleversante à propos de laquelle tout reste à vérifier ».
« DSK a droit comme tout citoyen à la présomption d’innocence tant que les faits ne sont pas prouvés. Ma pensée en cet instant va à sa famille, à ses proches et aussi à l’homme qui traverse cette épreuve », a-t-elle ajouté.
« Commettre un acte de cette gravité, cela ne ressemble pas à l’homme que je connais (…). Je suis comme nous tous devant cette information, qui est un choc et qui n’est pas ressentie de la même manière, selon qu’on le connaisse, ce qui est mon cas, ou pas », a déclaré François Hollande. Le candidat qui monte au PS s’est par ailleurs refusé à commenter les sondages qui le donnent talonnant DSK pour la primaire.
L’affaire a suscité des commentaires plus sévères à droite, et surtout à l’extrême droite, où Marine Le Pen a parlé d’un « secret de polichinelle » à propos de la vie privée de DSK. Pour la présidente du Front national, DSK est « définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l’Etat« .
« C’est humilier la France que qu’avoir un homme, comme lui, qui se vautre dans le sexe », a lancé l’élu UMP Bernard Debré.
Hélène Fontanaud
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