« Où vont les gouines après leur mort ? Elles sont immortelles connard ! » Les Djendeur Terroristas ne mâchent pas leur mot. Ce collectif de lesbiennes féministes, formé en janvier réinvente la manière de militer, avec humour.
S’il fallait ne retenir qu’une seule leçon des débats qui ont entouré le mariage gay et la brumeuse « théorie du genre », c’est que pour être entendu, il faut parler fort. Et ça, les Djendeur Terroristas l’ont bien compris.
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Formé en janvier, ce groupe de militantes féministes LGBT revendique un style ouvertement provocateur.« On les terrorise, avec le genre. Il y a une vraie peur autour de cette théorie. Nous ça nous fait marrer, » rigole Ariane, membre du collectif.
« Djendeur », c’est pour montrer l’absurdité des détracteurs du genre, incapables de prononcer le terme à l’anglaise et encore moins d’en comprendre le sens. « Terroristas », en Espagnol, c’est pour rendre hommage à Kate Bornstein, la pionnière du « gender terror », et pour soutenir les militantes espagnoles qui se battent pour leur droit à avorter.
Militer pour le droit des invisibles
Le 1er mai, le collectif marchait aux côtés du STRASS, le syndicat des travailleurs du sexe. Sur leurs pancartes, on lisait « Du gel sur les sextoys, pas sur les retraites » ou encore « Non à l’A.N.I [accord sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi], oui à l’anulingus ». Si le ton est clairement joueur, les revendications, elles, sont tout ce qu’il y a de plus sérieux : défense des droits des femmes, des lesbiennes, lutte contre l’homophobie et pour l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, soutien aux prostituées, lutte contre le racisme. Chez les Djendeur Terroristas, le maître mot est l’intersectionnalité : les oppressions sont multiples et il faut toutes les combattre. « On milite pour le droit des invisibles », résume Ariane.
Pour défendre leurs positions, les militantes ont choisi l’humour et l’ironie, mais aussi l’art, comme vecteur de réflexion. Dans le cadre de la Queer Week qui a eu lieu en mars à Sciences Po, elles ont exposé des photos d’elles enfant, pour montrer que « la notion de droit de l’enfant que défend la Manif pour Tous face à la pseudo théorie du genre n’a aucun sens. C’est un discours réac. Les stéréotypes de genre ne sont pas dans l’intérêt de l’enfant, » explique la militante. L’exposition « l’École du Djendeur » est là pour rappeler, en se prenant elles-mêmes en exemple, que certaines personnes subissent des « assignations de genre dont on met du temps à se remettre. »
Avant de créer leur collectif les Djendeur Terroristas se battaient déjà pour la cause dans d’autres associations, comme le Collectif Oui Oui Oui, mais elles ne se retrouvaient pas dans toutes leurs revendications, ni dans leurs modes d’actions. « Il faut changer de mode de communication », selon Ariane. Pour y parvenir, elles se sont tournées vers internet. Leur blog est aux couleurs des lesbiennes, très pop, à grand renfort de gifs animés ironiques et de fausses pages wikipédia. Elles ont même conçu, pour rigoler, une fausse carte Thalys, la PMA Card, pour faciliter les voyages des couples de futures mères dans leurs voyages vers la Belgique.
Quand on lui demande comment les rejoindre, Ariane nous répond en riant : « il faut savoir sauter à cloche pied, il y a une partie de marelle de trente minutes et il faut savoir faire trente pompes et la mousse au chocolat. » Des épreuves qu’ont réussi à passer une cinquantaine de lesbiennes à travers le pays et principalement à Paris.
Au programme des mois à venir pour l’association, faire tourner leur exposition « L’École du Djendeur » à travers la France, et des collaborations avec le STRASS et le collectif Fuck The Name sur des soirées festives à Paris. Mais surtout, quitte à donner raison à Christine Boutin, préparer « l’invasion du monde »!
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