Quel est le point commun entre Poutine avec un sexe king size, des ados à poils, le drapeau français en guise de PQ, ou le Christ dans un bain d’urine ? Détournés par l’art, ils ont tous été censurés. Politique, sexe, religion…la censure a ses bouc émissaires fétiches. Notre sélection.
• Vladimir Poutine n’apprécie pas qu’on le peigne nu avec un gros sexe
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Mots-clés : zizi, homosexualité, érotisme
Présenté au Musée de l’érotisme à Saint-Pétersbourg, le tableau de l’artiste Vera Donskaya-Khilko représente Poutine et Obama tribaux et « bien montés ». Alors que le G20 commence ce jeudi, la police russe a saisit la toile et a fermé le Musée. En début de semaine, plusieurs tableaux de l’opposant russe Konstantin Altounine ont subi le même sort. Parmi elles, la toile intitulée « Travestis » sur laquelle Poutine prend la pose en nuisette et Dmitri Medvedev en sous-vêtements. L’artiste s’est réfugié en France et la directrice du Musée à été interpellée par les forces de l’ordre moscovite.
Les autorités auraient été alertées par le député Vitali Milonov, auteur de la récente loi interdisant la « propagande homosexuelle devant des mineurs » votée par le Parlement puis promulguée par Vladimir Poutine en juin dernier. En cas de non respect de ce texte législatif, le citoyen russe est passible de 4 000 à 5 000 roubles d’amende (100 à 125 euros) et jusqu’à 100 000 roubles (2 300 euros) d’amende, 15 jours de détention et une expulsion du pays pour les étrangers.
• L’outrage au drapeau français
Mots-clés: emblême, nation, provoc’
“Coup de cœur du jury” dans la catégorie “politiquement incorrect”, le cliché vainqueur d’un concours photo amateur organisé par la Fnac de Nice en 2010 affiche un homme de dos, s’essuyant les fesses avec le drapeau français. Véritable tollé au niveau local, la photo indigne également au gouvernement. Le député-maire de Nice Eric Ciotti s’enflamme et la Garde des Sceaux de l’époque, Michèle Alliot-Marie, demande que “des poursuites pénales soient engagées” avant que deux des salariés de la Fnac soient licenciés.
Le maire de Nice explique avoir été alerté par des associations d’anciens combattants et d’autres Niçois choqué par cet “outrage” à un emblème national. Pour la chancellerie, “la liberté artistique n’autorise pas que l’on dégrade l’emblème de la nation”. A l’époque, la législation prévoit de punir le “délit d’outrage au drapeau ou à l’hymne national lors d’une manifestation organisée” de 7 500 euros d’amende et 6 mois d’emprisonnement si il est commis en bande organisée. Face au scandale, MAM présente finalement un décret pénalisant “la dégradation ou l’utilisation indécente du drapeau français dans un lieu public ou ouvert au public” et la “diffusion par tout moyen de ces faits”.
• « After Washing », Dubaï n’aime pas le printemps arabe
Mots-clés: slip, révolte, dictature
Une manifestante brandit un slip d’homme sur lequel est inscrit “Dégage”. L’oeuvre est immédiatement retirée de la sixième édition d’Art Dubaï, la plus importante foire d’art contemporain du Golfe. Son auteur, l’artiste palestinien Shadi Alzaqzouq, n’a même pas pu obtenir de visa pour se rendre à l’évènement. D’autres oeuvres s’inspirant du Printemps arabe sont également censurées. Aucun argument officiel, aucune raison n’ont été délivrés aux artistes concernées.
• Ai Weiwei, la cible de Pékin
Mots-clés: opposition, dissidence, gangnam style
C’est non pas l’œuvre mais l’artiste chinois Ai Weiwei qui fait l’objet d’une surveillance accrue des autorités chinoises : confiscation de passeport, contrôle fiscal démesuré, détention, assignation à résidence… Parce qu’il provoque avec impertinence le gouvernement, Ai Weiwei collectionne tous les moyens de pression possibles et inimaginables pour l’empêcher de projeter son art (dans son pays exclusivement). Dernier gros succès et donc grosse sanction en date, sa reprise du Gangnam Style de Psy, interdite de diffusion et totalement effacée en Chine. Ce que le gouvernement reproche au célèbre plasticien de « mettre en danger la sécurité nationale ».
• « L’Origine du Monde », interdite par Facebook
Mots-clés: minou, nudité, porno
C’est sans doute l’un des nus (sans tête) le plus célèbre de l’histoire de l’art, et sans doute celui qui a suscité le plus de fascination et de répulsion à la fois. En cause : ce corps de femme épanché, ces seins, ces cuisses rondes et ce sexe féminin poilu et épanché, décrit comme « l’Origine du Monde » par Gustave Courbet. Alors qu’elle a fait scandale de tout temps, l’œuvre est régulièrement censurée sur Facebook depuis deux ans. En mars dernier, la page du musée parisien du Jeu de Paume a également été bloquée pendant 24H suite à la publication d’une photo de l’artiste Laure Albin Guillot montrant une femme en habit d’Eve.
« Vous ne publierez pas de contenus incitant à la haine ou à la violence, menaçants, à caractère pornographique ou contenant de la nudité ou de la violence gratuite » : le règlement de Facebook est clair et cela notamment au regard des « nombreux enfants qui utilisent (le réseau social) », avance le site. En vertu de cette règle, le réseau social américain est en droit de désactiver automatiquement votre profil jusqu’à nouvel ordre.
• Pas de Larry Clark pour les moins de 18 ans au Musée d’art moderne
Mots-clés: mineurs, adolescence, cul, drogue
Des ados nus en train de s’embrasser, des séances de shoot collectives… Ici, ce n’est pas une photo mais l’expo tout entière qui est concernée. Une première en France. Fin 2010, la Mairie de Paris décide d’interdire aux mineurs la rétrospective Kiss The Past Hello du Larry Clark – connu pour ses clichés sans compromission l’adolescence. Une décision que le photographe américain considère comme « une attaque des adultes contre les adolescents », dans une interview au Monde.
Après la publication d’un dossier accusateur dans Libération, le maire de Paris Bertrand Delanoë refuse de parler de censure : Cela « relève d’un renversement stupéfiant de la vérité », estime-t-il dans un communiqué. A la Mairie de Paris, on invoque donc la protection de l’enfance et notamment cet article :
« Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »
• La danse du ventre de Nan Goldin
Mots-clés: enfants, nudité, pédophilie
Deux petites filles en train de jouer: l’une fait la danse du ventre ; l’autre, nue, est allongée entre ses jambes.
Soupçonnée de violer les droits de l’enfant et notamment la loi britannique relative à la protection des enfants de 1978 qui interdit que l’on montre des photographies « indécentes » d’enfants, la photo de Nan Goldin est censurée à plusieurs reprises et dans plusieurs pays, en Angleterre en 2007, à Rio en 2009…
• Le »Piss Christ » d’Andres Serrano saccagé à Avignon
Mots-clés: Jésus, urine, foi, Civitas
Le cliché dévoile un crucifix immergé dans un verre d’urine et de sang. Il est détruit à coup de tournevis et de marteau alors qu’il fait partie de l’exposition « Je crois aux miracles », présentant la collection du galeriste parisien Yvon Lambert, dans un musée privé d’Avignon. Une seconde œuvre est sacrifiée : Sœur Jeanne Myriam, représentant une religieuse en train de prier dans l’église Sainte-Clotilde à Paris. Le directeur de la collection est quant à lui menacé de mort.
L’archevêque d’Avignon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz demande tout d’abord le retrait du cliché « odieux ». A l’appel de l’Institut Civitas, associations catholiques (Catholiques en campagne, l’Observatoire de la christianophobie…) et fidèles manifestent ensuite devant le musée pour demander le retrait de la toile qu’ils considèrent comme blasphématoire. Après avoir été arrêtés, les quatre prévenus accusés d’avoir vandalisé les photos de l’artiste – « membre d’un groupuscule d’extrême droite le Renouveau Français », selon l’avocat des parties civiles – , le président du tribunal d’Avignon estime finalement que l’objet des poursuites est trop flou.
• « It’s a Man’s world », anti-islam pour les autorités kowétiennes
Mots-clés: macho, sexe, morale
L’artiste kowétienne Shurooq Amin dérange avec ses toiles ironiques sur la société de son temps et de son pays. Parmi elles, la série It’s a Man’s World (« c’est un monde d’hommes ») présentée en mars 2012 à la Al M Gallery à Koweït City dont les toiles ont été retirées trois heures après son ouverture.
Aucun argument officiel n’est avancé pour justifier ce retrait. Certains les accusent d’être « immorales et pornographiques ». Sur les réseaux sociaux, les réactions s’enchaînent. Au détour d’une interview dans le journal Al-Qabas, Shurooq Amin accuse les autorités de censure, la gauche kowétienne s’insurge quant à elle contre « la tutelle gouvernementale sur l’art ».
• Oleg Kulik, sacrifié de la Fiac
Mots-clés: zoophilie, dignité, humains
A l’occasion de la Foire Internationale de l’Art Contemporain de Paris organisée en 2008, les photographies de l’artiste plasticien de l’avant-garde russe Oleg Kulik n’auront fréquenté que peu de temps le stand de la galerie moscovite XL. L’artiste y pose nu et en laisse, explorant les limites entre l’homme et l’animal.
La plainte vient du Parquet de Paris qui fait directement intervenir la police sur les lieux pour enlever les œuvres déjà installées. Pour appuyer leurs requêtes, les magistrats se basent sur l’article 227-24 du code pénal relatif à la « diffusion d’images à caractères violent ou pornographique ou contraire à la dignité humaine ». Bilan : les clichés taxés de « zoophiles » sont retirés, les responsables de la galerie auditionnés par la police avant d’être libérés et la directeur de la FIAC obligé de garder les photos à l’abri du public.
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