Juste avant de monter sur la scène du Crazy Horse (du 1er au 15 février), la strip-teaseuse vedette s’effeuille en interview. Au programme : Obama bien sûr, Amy Winehouse, mais aussi le glamour à la française.
Que pensez-vous de l’arrivée au pouvoir de Barack Obama ?
J’en suis très heureuse. J’étais à Paris au lendemain de son élection, et pour la première fois j’étais à nouveau fière d’être américaine. Pendant longtemps j’ai eu honte : Bush donnait une très mauvaise image de l’Amérique aux Européens, et ça a duré huit ans, c’est très long. J’étais toujours embarrassée au milieu des discussions, je sentais bien qu’on ne prenait pas le pays d’où je venais au sérieux, pire, qu’on le méprisait. Les premières annonces d’Obama ont été très symboliques : sa volonté de fermer Guantanamo, c’est fort.
Pensez-vous que l’arrivée de Barack Obama va améliorer la situation du strip-tease en général ?
Ah ah, non je ne crois pas qu’il puisse avoir autant de pouvoir. Et puis il a des dossiers plus urgents à traiter je crois (rires).
Vous êtes une passionnée de musique et de rock en particulier, quels sont les derniers groupes qui vous ont marqué ?
J’aime beaucoup The Knife, c’est devenu un de mes groupes préférés. J’écoute beaucoup d’électro, mais aussi des choses plus classiques comme Amy Winehouse ou Billie Holiday. J’écoute aussi beaucoup de choses pour mes spectacles, mais pas forcément des choses très « connues », car c’est moi qui doit être la vedette, et non la musique (rires). La plupart du temps, je fais même composer des musiques pour mes strip-teases.
On vous a déjà proposé de chanter ?
Oui, mais on voudrait que je chante des trucs avec la voix de Marylin Monroe ou Jayne Mansfield, ça ne m’intéresse pas beaucoup. Je ne suis pas fascinée par cette tradition holywoodienne de la « fille qu’on fait chanter ».
Et le cinéma ?
Ça m’intéresse, mais je n’ai pas envie de devenir actrice à tout prix. J’ai reçu beaucoup de propositions, mais je les ai toujours refusées. Je préfère me concentrer sur mes spectacles. J’adore le processus de création qui les précède. Trouver la musique, penser les chorégraphies, l’effeuillage. J’aime l’idée d’être complètement libre : au cinéma, je serai dirigée.
C’est un honneur pour vous d’être invitée par le Crazy Horse ?
J’ai été l’une des premières strip-teaseuses invitée par le Crazy il y a deux ans, c’était un véritable honneur. Cet endroit me fascine depuis que j’ai 12 ans. Je me souviens très bien des photos des filles nues et alignées que je voyais dans les magazines américaines quand j’étais plus jeune. J’avais envie d’aller à cet endroit, venir à Paris est rapidement devenu une obsession, et la première fois que je suis venue, au début des années 90, j’ai assisté à un spectacle du Crazy. J’avais été émerveillé par la qualité du show, par la performance des filles, leur beauté. C’était très différent des strips que j’avais pu voir aux USA, qui étaient plutôt orientés sur le burlesque. Le Crazy est alors devenu un modèle pour moi, et c’est un honneur aujourd’hui que d’en être l’invité, j’ai le sentiment qu’une boucle est bouclée.
L’Europe et Paris sont-ils plus sensibles à votre art ?
Oui, aux Etats-Unis, le strip-tease est souvent considéré comme quelque chose de très « industriel » et presque péjoratif. Quand on dit strip-tease, les gens pensent aux filles qui dansent autour d’une barre verticale dans une boîte de nuit. Ma conception du strip-tease est beaucoup plus fine, pour moi c’est une discipline qui date des années 30, avec des figures emblématiques comme Gipsy Rose Lee. Il existe une histoire du strip-tease, c’est un art à part entière pour moi. En Europe, les gens viennent au strip-tease pour voir un spectacle, on est plus dans le domaine de l’art.
C’est la fashion week en ce moment à Paris, en avez-vous profité ?
Oui, j’aime beaucoup Dior. J’ai assisté au défilé. Je porte du Dior dans certains de mes shows. J’aime aussi beaucoup Jean-Paul Gautier et Christian Lacroix, je me suis souvent inspiré d’eux pour les costumes.
Avez-vous déjà songé à vous installer à Paris ?
J’ai beaucoup d’amis ici, je crois que les gens comprennent parfois mieux qui je suis qu’aux USA, où on me regarde encore beaucoup comme une originale. J’ai déjà pensé à m’installer ici, il y un vrai sens du glamour, de l’élégance. Beaucoup d’Américains viennent chercher ça à Paris, et je les comprends.