Une semaine après le début de la polémique entourant un article de « Causette » sur la prostitution intitulé « 55 raisons de résister à la tentation (pour vous Messieurs) », le directeur de la publication et la rédactrice en chef du magazine s’expriment sur Facebook. Mais la rédaction se désolidarise de leur position.
Une semaine après la parution du numéro de novembre de Causette, la rédactrice en chef Liliane Roudière et le directeur de la publication Gregory Lassus-Debat ont réagi à la polémique entourant l’article « 55 raisons de résister à la tentation (pour vous Messieurs) » sur le compte Facebook du magazine.
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Pour eux le Strass (syndicat des travailleurs sexuels) en est clairement à l’origine : « Depuis une semaine, nos boîtes mails ont gonflé et la twittosphère s’est enflammée. La majorité de ces doux messages est le fait d’une organisation qui s’appelle le Strass et regroupe des ‘travailleurs du sexe’ et revendiquent haut et fort, leur droit d’exercer ce métier ‘pas comme les autres’, pour reprendre leurs mots. » Ils précisent au passage : « Nous sommes POUR ce droit, qu’on se le dise » (…) Nous ne nous positionnons pas POUR ou CONTRE la prostitution, mais contre la prostitution forcée. »
Concernant la forme et le ton de l’article -des phrases se voulant souvent humoristiques réparties sur deux doubles pages expliquant pourquoi il faut « résister à la tentation » de la prostitution- ils expliquent avoir cherché à « prendre et faire prendre conscience que cautionner CETTE prostitution, c’est cautionner l’esclavage« , et qualifient la « méthode » choisie de « grinçante, choquante parfois, violente toujours. À l’image de la réalité de ces esclaves du sexe. »
« Nous avons opté pour une méthode peu délicate, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais, au fond, dites-nous quelle différence il y a entre écrire, comme nous l’avons fait, ‘Parce que, quitte à se taper une fille qui n’en a pas envie, autant la violer, c’est moins cher’ et écrire, ce qui est plus politiquement correct, ‘La prostitution forcée est une forme de viol qui ne s’en distingue que par une rémunération’ ? »
Et, donnent une leçon de style à leurs lecteurs :
« Cela s’appelle de l’ironie par antiphrase : écrire l’exact contraire du message que l’on veut faire passer pour, via sa violence ou son absurdité, dénoncer le propos de ceux qui le pensent… au premier degré. C’est exactement ce que Causette fait, chaque mois, en publiant la lettre machiste et sexiste de « Eric, un homme, un vrai ». Des phrases violentes pour éviter la banalisation d’une réalité plus que violente. »
Les deux journalistes concluent en assurant : « Pour notre part, nous assumons nos écrits et ne les regrettons en rien. »
Dissension
Le hic : à la fin du texte en vient un second, signé cette fois-ci par « la majorité de la rédaction » qui « tient à exprimer publiquement son désaccord avec cet article », dont « la forme plus que maladroite contrevient à l’éthique et aux valeurs de Causette en stigmatisant les prostitué(e)s plus qu’en les défendant ».
Selon les auteurs de ce deuxième texte, « une partie de la rédaction » avait déjà exprimé son désaccord « dès l’élaboration de ce papier mais n’a pas été entendue« . Résultat : pour eux, « l’article ’55 raisons de résister à la tentation (pour vous, messieurs)’ est en complète rupture avec la ligne éditoriale du magazine. »
Pour en savoir plus sur la polémique, lire notre article Causette : nouvelle polémique autour d’un article sur la prostitution.
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