Edwige, icône absolue de la nuit parisienne des années Palace, muse de Jean Paul Gaultier, Helmut Newton ou Pierre et Gilles, vient de disparaître.
Patrick Poivre d’Arvor, qu’on n’imaginait plus avoir été aussi jeune, lance en plein journal d’Antenne 2 un sujet sur ce club qui affole depuis quelques mois tout Paris : le Palace. A l’intérieur des jeunes gens bigarrés qui exultent sur de la disco ; à l’extérieur une faune dépareillée (des jeunes et des vieux, de la jet et des punks…) qui trépigne pour entrer. Et à l’exacte intersection, vestale péroxydée dotée du pouvoir inestimable d’ouvrir d’un battement de cil les portes de ce paradis moderne: la physio, reine de la nuit et reine des punks, Edwige. Les journalistes d’Antenne 2 l’interrogent à brûle-pourpoint : “Comment entrer au Palace ?”. Mi-ironique mi-ingénue, elle répond : « Je fais entrer les gens que je connais. » Mais comment connaître Edwige ?
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Toute une génération de noctambules en a beaucoup rêvé. Connaître Edwige, l’embrasser. Dans Eva, le roman évènement de la rentrée, Simon Liberati restitue ce moment où Edwige était la fille la plus courtisée de Paris (et même Eva, qui a 13 ans, en avait fait sa grande sœur d’élection, était un peu amoureuse d’elle, nous dit le roman). Warhol l’adorait et sur la couverture du cultissime magazine Façade, elle l’embrasse sur la joue et y laisse l’empreinte de son rouge à lèvres.
Elle a posé pour Helmut Newton, Maripol et Pierre et Gilles. Jean Paul Gaultier surtout s’est largement inspiré d’elle pour créer son prototype de femme guerrière, allure androgyne et cheveux en pétard. En bas résille lacérés et veste militaire, elle incarne la Gaultier touch dès son premier défilé. On la verra aussi marcher sur les podiums pour Thierry Mugler.
Dans le sillage d’Elli et Jacno, ces compagnons en punkitude glamour, elle a aussi formé, avec Claude Artaud, un duo synthé pop, Mathématiques Modernes. Jacno produisit leur premier single, le sémillant Disco Rough. Un album suivit, Les Visiteurs du soir en 1981.
Dans les années qui suivent, tandis que le Palace ferme, que son charismatique patron, Fabrice Emaer (« notre maman« , disait Edwige) disparaît, elle s’installe aux Etats-Unis. On la retrouve en 2011 dans un film documentaire de Jérôme de Missolz, Des jeunes gens mödernes. Elle est devenue brune, piercée et tatouée, un peu bikeuse. Toujours belle et troublante. Elle vient de décéder des suites d’un cancer le mardi 22 septembre.
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