Publiés huit mois après la fin de l’enquête, les résultats d’une étude sur la discrimination lors de recrutements sont accablants.
Une personne d’origine supposée maghrébine a 20 % de chances en moins d’obtenir une réponse d’un recruteur qu’un individu portant un nom « franco-français ». C’est ce que révèle une étude publiée ce mercredi 8 janvier portant sur la discrimination à l’embauche. Et comme le révèle France Inter, ces résultats étaient en réalité connus du gouvernement depuis déjà plus de huit mois. Seulement, l’exécutif n’avait pas souhaité communiquer dessus.
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Conduite entre les mois de novembre 2018 et janvier 2019 à la demande du gouvernement, l’enquête est éloquente : une personne s’appelant Mourad Benzakri a 20 % de chances en moins que quelqu’un s’appelant Florian Dubois de recevoir une réponse après avoir répondu à une offre d’emploi, et 30 % de chances en moins d’être recontactée après une réponse spontanée.
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Des noms pas encore divulgués
Pour atteindre ces résultats, les chercheurs ont envoyé 17 600 candidatures à une centaine de grandes sociétés situées dans six régions françaises différentes. Deux CV identiques étaient envoyés, sauf que l’un portait un nom d’origine française, et l’autre un nom d’origine maghrébine. Et le constat est sans appel : “Il y a des différences de traitement selon les origines présumées, et dans certaines entreprises elles ont un caractère massif”, conclut Yannick Lhorty, chercheur à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, qui a coordonné cette enquête. “L’intérêt et la nouveauté de cette étude, c’est qu’on peut produire ces pourcentages au niveau même de chaque entreprise”, souligne-t-il.
Problème : le ministère du Logement et de la Ville, en charge du dossier, ne souhaite pas donner ces noms. La pratique anglo-saxonne du « name and shame » est pourtant prônée par Emmanuel Macron depuis le début même de sa campagne pour l’élection présidentielle. Les entreprises seraient-elles trop influentes pour notre gouvernement ? Contacté par France Inter, le ministère explique préférer d’abord tenter de dialoguer avec les entreprises pointées du doigt avant de donner leur nom…
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