A la Maison Sonos, rencontre en bonne compagnie avec le chef Olivier Le Corre et Lescop, qui raconte, sur fond de gastronomie, son apprentissage de la musique et son rapport au son.
A la Maison Sonos, les invités de Lescop étaient conviés à partager un moment hors du temps, loin de leurs journées chargées. Réunis, en ce soir de novembre, autour d’un dîner imaginé par le chef du restaurant Tannat, Olivier Le Corre, qui était allé, pour rendre hommage au tube La Forêt, jusqu’à concevoir un plat comme une balade gustative en sous-bois.
Pour cette occasion spéciale, Lescop avait rassemblé des personnalités de tous horizons artistiques, tels l’auteur de bande dessinée Bastien Vivès, la réalisatrice Sylvie Verheyde, l’actrice Mylène Jampanoï, le musicien Emile Sornin (Forever Pavot) et la chanteuse-comédienne Calypso Valois. Pendant ce temps, en cuisine, Olivier Le Corre s’attelait à ses assiettes d’un noir similaire à la pop de Lescop, et nous confiait que les plans de la cuisine du Tannat avaient été réalisés en vue d’intégrer un système sonore capable de balancer du Justice dès les premières heures de la matinée pour se motiver. Après un apéritif pris dans le salon, amorcé par le rock embué des Américaines de Warpaint pour décoller sur la disco de Cerrone, la soirée s’est prolongée dans la salle à manger, tablettes en main, pour une battle de playlists qui résonnait dans toute la maison connectée. Le repas fut ainsi accompagné de titres rebondissants d’ESG ou des indétrônables LCD Soundsystem, sans oublier l’apparition revigorante des Rolling Stones ou les élans percutants de Frustration. Dans cette ambiance lumineuse, Lescop nous a réjouis d’une playlist festive, qui donnait souvent envie d’aller esquisser quelques pas de danse au rez-de-chaussée de la Maison Sonos, échappant ainsi aux conversations de la tablée au risque de paraître impolis. L’artiste maîtrisait sa sélection et le volume du bout des doigts – la musique rythmant joyeusement tous les plats automnaux, inspirés de l’univers du Rochelais. Et si le dîner a su montrer parfois son côté “dérangé”, l’“écho” de la soirée a continué jusqu’au dernier métro… Et devait se prolonger avec Lescop, à la Cigale, dans le cadre des inRocKs Festival (concert qui aura déjà été donné lorsque vous lirez ces lignes).
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Quel est ton rapport au son, aux équipements ?
Lescop : Je veux que ça soit simple, j’ai éliminé beaucoup de matériel au fur et à mesure des déménagements. Aujourd’hui, mon ordinateur ou mon téléphone et des enceintes connectées me suffisent. Mais j’achète encore des vinyles… Ma musique elle-même est un mélange d’analogique et d’électronique. Alors ce qu’on voit dans cette Maison Sonos me semble très familier : pouvoir écouter des vinyles sur ces enceintes connectées en wifi constitue un pont nécessaire entre le passé et le présent. Je veux écouter de la musique dans de bonnes conditions tout en étant de mon époque.
A quels moments écoutes-tu de la musique ?
Ces derniers mois, comme je composais mon nouvel album, j’écoutais moins de musique. Je ne voulais pas être influencé, je craignais que la musique des autres entre dans la mienne. Je compense alors en lisant, en regardant des films ou des photos. Mais depuis que l’album est fini, je suis libéré de ça. Je reste un fan de musique à la base.
J’adore, par exemple, faire des playlists, révéler mon intimité. Je les peaufine comme les cassettes que je faisais, enfant, quand on partait en vacances, avec la famille, pour la voiture. Celle de ce soir va de Cerrone à Marquis De Sade, des Talking Heads à Petite Noir… Classer les titres, ça me sert aussi quand je fais des DJ-sets. En fait, je passe ma vie à faire des playlists, pour parer à toute humeur, ça peut être du punk-rock anglais comme de la musique sud-africaine. Il y a trois grandes familles de playlists : le rock violent, coupant ; les auteurs de chansons comme Cohen, Dylan… ; et des morceaux dansants, disco, disco-punk… Je suis assez monomaniaque, les listes se croisent rarement (rires)…
Comment découvres-tu la musique aujourd’hui ?
Quand on joue avec un groupe, ce qui est génial, c’est le camion. Pendant les longs trajets, on se fait découvrir nos coups de cœur. Notre bassiste est une source intarissable de chansons. Je lui dois ma passion récente pour Chris Cohen, le rap de Vince Staples, Gucci Mane, The Garden… J’écoute la musique en streaming. J’ai des comptes Deezer, Spotify…
Quel a été ton premier choc musical ?
Le déclic, c’est le chanteur américain Eddie Cochran. Mes parents fêtaient, avec des amis, le réveillon du 31 décembre, j’avais 6 ans. Après dîner, ils ont commencé à danser. Et soudain, quelqu’un a mis sur la platine cet album, Cherished Memories. La chanson Skinny Jim m’a secoué. Je voulais être comme lui. Bien plus tard, j’ai appris à aimer cette urgence, ce côté à la fois violent et généreux, à intellectualiser cette passion. Mais là, à 6 ans, il m’avait touché le système nerveux et l’imaginaire.
Es-tu attaché aux objets musicaux ?
J’ai plusieurs guitares, mais je ne suis pas attaché aux instruments, ce ne sont que des outils. Mes meilleurs amis, ce sont mon stylo et mon calepin orange à petits carreaux. Je ne peux pas prendre le risque de me priver d’une idée : j’ai toujours un carnet sur moi. On ne peut pas rater ce rendez-vous entre la création et le créateur.
En 2012, tu participais déjà aux inRocKs Festival : quels sont tes souvenirs ?
Je suis sorti de scène en pensant n’avoir joué que cinq minutes. C’est le début de l’histoire de Lescop et pourtant, je me suis complètement détaché des enjeux. J’étais même serein en arrivant sur scène. Un comble pour moi (rires)…Tout ce qui m’arrivait était neuf, je kiffais chaque instant. J’étais déjà venu aux inRocKs Festival, mais comme spectateur, et je me souviens notamment des Kaiser Chiefs, de Maxïmo Park et des Futureheads.
Avez-vous des rituels d’avant-concert ?
On se prend dans les bras les uns les autres. Avant, j’avais des rituels, des grigris comme ce bandana à mon poignet, mais ça a fini par me rendre… bizarre. J’étais certain que si je manquais un de ces rituels, le concert serait catastrophique. Ça relevait de la magie, de la sorcellerie… “Si je ne touche pas le mur trois fois, on va se planter” (rires)… Au lieu de me rassurer, ça me faisait flipper. J’étais dans un trip guerrier, mais là je ne veux plus rien m’infliger. Je veux me faire plaisir, je suis plus dans le constructif.
Plus tôt dans la soirée, tu discutais avec le chef Olivier Le Corre. Que représente la cuisine pour toi ?
J’aime cuisiner, un peu par la force des choses car je suis végétarien. Ça m’a poussé à découvrir de nouveaux ingrédients, de nouvelles recettes : couscous aux légumes, dahl indien, steaks de tofu… C’est comme avec mes playlists, je mélange des ingrédients qui viennent de partout.
Lescop sera le 8 avril 2017 au Trianon
Le restaurant Tannat
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