Différence de style et différences de fond : on vous résume ce qui sépare les deux finalistes à la primaire de la Belle Alliance populaire, dont le second tour a lieu le 29 janvier.
Après la surprise François Fillon lors de la primaire de la droite, c’est la surprise Benoît Hamon pour celle du PS et de ses alliés. Au premier tour, ce 22 janvier, c’est le frondeur opposant à la loi Travail qui a pris la tête devant Manuel Valls, incarnation du tournant social-libéral du quinquennat. Deux visions opposées du PS et de la gauche qui s’affrontent sur de nombreux points, pour ne pas dire sur tous, comme l’a remarqué Le Monde.
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Economie et politique
Au cours de la primaire, Benoît Hamon s’est fait le défenseur d’une mesure originale : le revenu universel inconditionnel, qu’il estime indispensable pour faire face à la “révolution numérique”, qui va “raréfier le travail”. Il s’agirait de donner à tous un revenu de base de 600 euros. Cette mesure a été critiquée au cours des débats télévisés, notamment par Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, comme le signe d’un abandon de la lutte contre le chômage de masse. L’ex-ministre de l’Enseignement est aussi opposé à la loi Travail, qu’il promet d’abroger, et veut revaloriser le smic de 10%.
>> Lire aussi : Pourquoi l’allocation universelle fait-elle autant débat à gauche ? <<
Son rival est à l’opposé de ces mesures. Tout d’abord il est fermement partisan de la loi Travail, qu’il a contribué à imposer par le 49-3. Et considère irréalisable le revenu universel, en plus de ne pas être souhaitable car cela amènerait à « une société du farniente« . Il défend en revanche un revenu minimum décent pour les plus précaires (conditionné, donc, aux revenus).
En matière de temps de travail, là encore leurs projets diffèrent. Alors que Benoît Hamon souhaite réduire le temps de travail en dessous des 35 heures par l’incitation fiscale, Manuel Valls souhaite encourager les heures supplémentaires par la défiscalisation.
Cannabis
Benoît Hamon est un partisan de la dépénalisation du cannabis. Il a défendu ce projet au cours des débats, comme une mesure de santé publique et de sécurité. Manuel Valls en revanche est pour le maintien de son interdiction.
Immigration
La politique migratoire a été l’occasion de passes d’armes entre les candidats à la primaire. Manuel Valls souhaite poursuivre la politique d’accueil des migrants en l’état, et renforcer le contrôle des frontières à l’extérieur de l’espace Schengen, alors que Benoît Hamon souhaite accueillir plus de réfugiés, et autoriser les demandeurs d’asile à travailler en France plus rapidement. De plus, Hamon souhaite ouvrir le droit de vote des étrangers aux élections locales (serpent de mer de la gauche) tandis que Valls y est opposé.
Ecologie
Benoît Hamon s’est révélé plus sensible aux questions environnementales que Manuel Valls, se posant en pourfendeur du productivisme :
« Je le dis et je le répète pour que tout le monde comprenne bien : je ne serai plus socialiste sans être écologiste. Je ne négocierai pas le bout de mon programme écolo », affirme-t-il à Reporterre.
Il est ainsi contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), pour la sortie du diesel à l’horizon 2025, et pour financer la transition énergétique. Manuel Valls est contre une fiscalité écologique et pour l’aéroport de NDDL.
L’Europe
Fidèle à la ligne anti-austérité des frondeurs et de la gauche du PS, Benoît Hamon est pour un moratoire sur les règles budgétaires européennes, contre le CETA (accord de libre-échange avec le Canada), et pour réviser la directive « travailleurs détachés ». Manuel Valls y est là encore opposé : il veut respecter les règles de contrainte budgétaire européennes, et notamment celle des 3% de déficit à ne pas dépasser.
« Deux gauches irréconciliables »
Il est donc clair que sur le fond, tout oppose les deux candidats, qui incarnent deux visions du PS : l’une clairement ancrée à gauche, l’autre social-libérale. La différence de style est aussi notable : Manuel Valls, l’homme du 49-3 (même s’il a dit y avoir été contraint), apparaît comme autoritaire, tandis que Benoît Hamon est plus ouvert au dialogue avec la gauche dans sa pluralité. C’est aussi ce qui divise les deux hommes : Manuel Valls a théorisé les « deux gauches irréconciliables« , il n’est donc pas question à ses yeux de tendre la main à Jean-Luc Mélenchon, quand Benoît Hamon s’affirme comme l’homme qui peut réconcilier des tendances diverses, des écologistes à la gauche radicale. Nous saurons le 29 janvier laquelle de ces deux incarnations attire le plus de suffrages.
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