Chaque semaine, le Dicomodo illustré tente de dissiper une partie du brouillard de la mode en décryptant une actu, autour de ses principaux ingrédients. Sur le grill cette semaine, les femmes qui habillent l’homme. Les 3 semaines de fashion week masculine viennent de s’achever, et si l’on est habitués aux mecs qui créent pour la […]
Chaque semaine, le Dicomodo illustré tente de dissiper une partie du brouillard de la mode en décryptant une actu, autour de ses principaux ingrédients.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sur le grill cette semaine, les femmes qui habillent l’homme. Les 3 semaines de fashion week masculine viennent de s’achever, et si l’on est habitués aux mecs qui créent pour la femme, les femmes aux manettes de la création de collections masculines se font toujours aussi rares (11 sur 134 défilés, moins de 10%). Zoom sur un panel de créatrices qui toutes mettent une claque à cette statistique. Enfin, presque toutes.
Véronique Nichanian (Hermès)
Depuis plus de 25 ans, la discrète Véronique Nichanian étoffe le vestiaire masculin d’Hermes par de subtiles couches d’élégance. Un croco par-ci, un coton égyptien par-là, au modus operandi de la prise de risque et du tapage, Véronique Nichanian préfère le travail au long cours, la douceur et la science de la matière. La silhouette qu’elle cisèle met à profit le savoir-faire maison et campe une élégance sobre et intemporelle. Net et sans bavure.
L’homme selon Véronique : 40 ans (au moins), féru d’Opéra et d’architecture il sait reconnaitre un vrai cachemire d’un faux.
Margaret Howell
Qu’on ne s’y trompe pas : Margaret Howell propose aujourd’hui des collections féminines et masculines, mais c’est bien avec des sapes d’hommes qu’elle a commencé en 1972. Des chemises, plus précisément, que les femmes se sont rapidement arrachées. Près de 40 ans plus tard, la créatrice anglaise est restée incroyablement fidèle à ce vestiaire où chaque détail est pensé pour que la pièce dure une vie. Une référence absolue.
L’homme selon Margaret : 35 ans, toutes ses dents, lecteur d’Orwell et mordu de design, amoureux de la campagne anglaise la plus hostile (ou de la Bretagne).
Donatella Versace (Versace)
Du cuir, de la fourrure et des slips rikiki, Donatella fait honneur à sa réputation depuis que la maison italienne qui porte son nom a lancé une ligne homme en 1998. Versace vue par Donatella c’est un peu l’anti-Hermès : quel que soit le thème de la collection, il y a toujours un truc too much (une frise grecque, des perforations, un cuir trop brillant). Le mouton noir de la bande.
L’homme selon Donatella : Jetlaggé, toujours fourré à Ibiza ou à LA quand il n’est pas en train de pousser de la fonte, globalement resté coincé en 2003.
Miuccia Prada (Prada)
Non contente d’imaginer la vingtenaire peste de Miu Miu et la très arty femme Prada, Miuccia habille aussi l’homme Prada. Avec brio. De la chaussure au manteau, les collections masculines qu’elle conçoit visent juste et brossent une silhouette qui n’a peur ni de la couleur ni d’oser. “Bosser sur le vestiaire masculin m’invite à me demander comment adapter les idées au vestiaire féminin”, aime-t-elle a raconter ces temps-ci pour expliquer sa démarche d’un uniforme commun qui abolit les frontières entre les genres. Et pourquoi pas.
L’homme selon Miuccia : Passionné d’art et de culture avec un grand C, artiste à ses heures perdues, il se plonge régulièrement dans de nouveaux univers pour les explorer de fond en comble.
Maroussia Rebecq (Andrea Crews)
Déjà plus de 10 piges que Maroussia Rebecq fait évoluer son Ovni Andrea Crews entre art, performance, happening et mode. Si officiellement, l’insaisissable créatrice parisienne s’est attaquée au vestiaire masculin il y a trois saisons, elle créé depuis toujours des fringues inclassables qui transcendent allègrement la classification masculin/feminin. Maroussia Rebecq avance à l’energie et propose un vestiaire gorgé de références populaires, du sport au billet de 500 euros, en passant par les chats d’internet. Intenable et nécessaire.
L’homme selon Maroussia : Touche à tout et curieux de son époque, ses sapes lui servent à expérimenter et à s’amuser. Sans aucune limite.
Astrid Andersen
Danoise installée à Londres, Astrid Andersen façonne depuis près de 4 ans une silhouette inspirée du sport – notamment le basket, pratiqué à haute dose par son premier mec – et du hip-hop. Son esthétique s’appuie des typos en veux-tu en voilà, des matières confortables empruntées à ses deux influences principales (mesh, peau de pêche…) et sur des jeux de volume et de coupe assez uniques, tantôt amplifiés, tantôt atrophiés. Malin et touchant.
L’homme selon Astrid : Sportif et dynamique mais super sensible, incollable sur le rap et ouverts à toutes les cultures, pour toujours bien dans ses baskets.
Martine Rose
La créatrice anglaise pond depuis 2010 des collections resserrées d’à peine une douzaine de silhouettes, mais où fourmillent une tonne de détails et de variations de volume et de coupe, le plus souvent inspirés de la culture populaire. Les constantes comme le baggy, le survet ou le bombers situent son vestiaire dans une bonne grosse megalopole bien crasseuse. Elle prend un malin plaisir à brouiller les pistes entre masculin et féminin, et ses fringues se retrouvent régulièrement sur des épaules féminines. Attention, fraicheur extrême.
L’homme selon Martine : Fin connaisseur des recoins de sa ville, libre avant tout, on peut le croiser dans les expos underground downtown ou dans un concert de Rihanna.
Par Gino Delmas & Al Polletino
{"type":"Banniere-Basse"}