Chaque semaine, le Dicomodo illustré tente de dissiper une partie du brouillard de la mode en décryptant une actu, autour de ses principaux ingrédients. Sur le grill cette semaine, le phénomène Cara Delevingne. À 22 ans, la petite teigne britannique et ses sourcils broussailleux écument les podiums depuis 5 ans déjà. Élue il y a […]
Chaque semaine, le Dicomodo illustré tente de dissiper une partie du brouillard de la mode en décryptant une actu, autour de ses principaux ingrédients.
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Sur le grill cette semaine, le phénomène Cara Delevingne. À 22 ans, la petite teigne britannique et ses sourcils broussailleux écument les podiums depuis 5 ans déjà. Élue il y a quelques jours « Model of the Year » par le British Fashion Council, elle est apparue cette semaine dans un court métrage réalisé par Karl Lagerfeld pour Chanel aux côtés de la rockstar Pharrell. Accessoirement, on vient d’apprendre qu’elle figurera en 2016 au casting de l’adaptation ciné de Suicide Squad, une bande de Supervillains DC Comics, incarnés notamment par Will Smith, Jared leto et Tom Hardy. Rien que ça.
Jeunesse Ok, depuis que la mode est mode, l’âge des mannequins est toujours désespérément bas. En selle entre 15 et 17, à 20 piges t’es sur le déclin et à 25 t’es à la retraite ou tu te spécialises dans les crèmes anti-age. Cara ne déroge pas à la règle. Elle est repérée à 17 ans par la boss de l’agence Storm, une copine de Pandora, sa mère personal shoppeuse chez Selfridges. Aujourd’hui Cara a bourlingué aux quatre coins de la mode et fait figure d’ancienne. À seulement 22 ans. Tout va bien.
Bizarre Un petit nez reptilien, une mini tête perchée au sommet d’un corps d’éternelle adolescente et surtout ces sourcils broussailleux : sur le papier Cara n’était pas forcément équipée pour devenir LE mannequin des années 10. Les photos échappées de son enfance ne plaidaient pas non plus en sa faveur (par ici le petit monstre). Mais son énergie et l’époque qui chérit les gueules étranges (bisous Lili McMenamy et Lindsay Wixson) l’ont placée en tête de la short-list des mannequins qui comptent. Entre temps les sourcils broussailleux sont devenus sa marque de fabrique et sont accessoirement revenus dans le coup.
Omniprésence Comme la brindille en son temps, Cara est partout. Quand elle n’est pas en couv’ d’un magazine, elle surgit toutes les 3 pages environ. Ici sur un podium, là au photo call de tel évènement (ou quelques heures plus tard légèrement éméchée), et là encore dans une campagne. Depuis 2012, l’enfant terrible est apparue dans les campagnes Burberry, Mulberry, Zara, H&M, Chanel, DKNY, Saint Laurent, Fendi, et défile pour à peu près tout le monde. Elle a notamment reçu les honneurs de la robe de mariée en cloture du défilé Haute Couture Chanel SS14. En 2013, l’hyperactive a glané près de 3 millions d’euros, soit plus de 8000 boules par jour. Malgré cet agenda bien rempli, les marques continuent à se bousculer au portillon Delevingne, et ce n’est pas sans rappeler le succès de Kate Moss fin 90’s début 2000. On compare souvent les deux modèles britanniques et Burberry a même poussé le rapprochement en les réunissant pour une campagne en septembre dernier.
2.0 À 22 ans en 2014, Cara vit avec son temps et déploie son hyperactivité principalement sur Instagram, le réseau social préféré des mannequins. On l’y voit évoluer dans sa vraie vie en casse-cou, à faire des grimaces avec Kim K ou des blagues backstage avec Binx Walton, Joan Smalls, Rita Ora ou Rihanna. De son premier tatouage à ses nuits agitées elle partage (presque) tout sans filtre en photo carrée. Le climax de cette vie numérique surgit en février dernier, quand elle embarque son portable avec elle sur le défilé Giles Deacon et poste un selfie video de son passage. Parce qu’elle est une meuf de son époque, elle bouffe gras – des burgers surtout –, elle se sape comme un mec, et elle est plus ou moins bi, sort quelques mois avec Michelle Rodriguez, puis enchaine avec l’acteur de Skins Jack O’Connell. Vous avez capté, Cara D campe fièrement sa génération insaisissable, celle des années 10.
Imprévisibilité Si tous les ingrédients précités contribuent au phénomène Delevingne, celui qui est sans doute dominant reste son imprévisibilité. Sur un podium ou devant un objectif, Cara n’a peur de rien et aime à surprendre son monde. Elle est un peu la chef de file de cette nouvelle génération de mannequins qui ramènent dans la mode un peu de la fraicheur de l’âge d’or des supermodels Naomi, Linda, Claudia ou Kate. Après une décennie un peu plate où ce qui pouvait arriver de plus excitant sur un podium était qu’une anorexique tristoune se casse le tibia-péroné au moment du virage, on voit à nouveau les modèles s’amuser sur le podium et les photographes ou les designers s’en délectent. Le retour de baton c’est que cette spontanéité n’est pas une posture et qu’elle déborde largement en dehors des podium (comme Kate Moss, tiens tiens). À tel point que quand Chanel la fait venir à Paris pour un shoot ou un défilé, la griffe lui assigne un garde du corps/nounou qui ne la lâche pas d’une semelle et dort dans la chambre à coté de la sienne. Human after all.
Par Gino Delmas & Al Polletino
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