Pas de vraie rentrée pour le Mouv’ annoncée lors de la conférence de presse de Radio France du 27 août. La refonte de la plus jeune des chaînes du groupe public, qui doit trouver son audience, sera dévoilée en janvier. Depuis cette semaine, quelques changements de grille sont tout de même au programme.
Un auditoire confidentiel : c’est le mal chronique dont souffre le Mouv’, qui peine à atteindre 0,5 % d’audience cumulée – à titre d’exemple, Radio Classique est trois fois plus écoutée.
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Bruno Laforestrie, 41 ans, tête de file du marketing digital en France, président de l’association Hip Hop Citoyens, chevalier des Arts et des Lettres depuis 2011 et directeur de la radio « hip-hop et soul » Générations jusqu’en 2012, a été nommé en mai dernier à la tête de l’antenne par le nouveau président de Radio France, Mathieu Gallet. Pour relancer le Mouv’, il a promis de grands changements… Mais pas pour tout de suite. On s’attendait à un effet d’annonce lors de la conférence de presse de Radio France le mercredi 27 septembre. C’est raté :
OK, ça a été très vite pour Le Mouv: « C’est l’été indien, on prolonge la grille d’été. Rendez-vous en 2015 pour la nouvelle grille »
— Vincent Glad (@vincentglad) 27 Août 2014
Changements de grille
Eté indien, peut-être. Mais avec des changements de grille tout de même, détaillés dans un document en libre accès sur le site de Radio France. Fini, le temps des programmes de talk show et des chroniques. Dès septembre, disparaîtront de l’antenne Pop Corn de Nico Prat et Charline Roux, centré sur la pop culture, Mediamix de Chakib Lahssaini, Les séries télé de Pierre Langlais ou encore Touche pas à mon poke, spécialisé dans la culture web.
Un ex-chroniqueur évoque une logique tournée vers l’audience. “Cela implique de s’éloigner du concept d’émissions spécialisées”, certes pointues, mais “pas assez fédératrices”, explique un autre animateur. “On va aussi vers plus de musique”, indique Nico Prat, qui poursuit sa collaboration avec la station. Et vers plus de numérique. Des mesures que préconisait déjà en janvier Joël Ronez, prédécesseur de Bruno Laforestrie, qui cumulait sa fonction avec celle de directeur des nouveaux médias.
Faire « générationnel »
La signature Bruno Laforestrie est déjà perceptible dans son programme de septembre à décembre, tourné vers la jeunesse. Nour-Eddine Zidane, le nouveau rédacteur en chef de la chaîne, sera chargé de mettre en place le concept très laforestrien d' »information générationnelle » (soit « un regard singulier sur la jeunesse et le monde qui nous entoure« , précise le document), pour cette station qui veut toucher en priorité les 13-34 ans.
Rien d’étonnant en effet, venant de ce proche du Club Averroès (voué à la promotion la diversité dans les médias), qui avait notamment interpellé les candidats à la présidentielle de 2012 en leur proposant un pacte générationnel. Ces derniers mois, il affirmé à plusieurs reprises vouloir faire du Mouv’ la station de la jeunesse. “Non pas d’une jeunesse rêvée – ou fantasmée » assurait-il en février dernier dans une tribune intitulée A quand le Grand Mouv’?, « mais de la jeunesse dans toute sa diversité”.
Chaises musicales
Côté musique, la station conserve son orientation « musiques actuelles ». Pedro Winter, le patron du label électro Ed Banger et DJ (sous l’alias Busy-P), reste au Mouv’. Olivier Cachin, Akhenaton, la fratrie de la Caution : les animateurs-stars du rap sont aussi reconduits. Jusqu’en décembre, ils continueront à présenter des émissions musicales thématique, le week-end.
La grille musicale n’est pas figée pour autant. Jules-Edouard Moustic, qui présentait son émission de variétés Mouv’stic depuis 2012, a décidé de s’en aller. “Bruno Laforestrie m’a annoncé qu’il voulait faire une radio urbaine. Pour moi, ça ne veut pas dire grand-chose”, a-t-il dit à Télérama. Il est vrai que Bruno Laforestrie ne cache pas son intérêt pour le très large concept de “cultures urbaines” – en 2007, il a participé à la rédaction d’un rapport sur le sujet pour Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture d’alors. Mais rien pour l’instant (ou presque?) n’indique qu’il veuille faire du Mouv’ un Skyrock ou un Générations bis.
Coup de jeune
Pour l’instant, la transition se fait donc en coulisses. Mais elle semble bel et bien en marche. Si Bruno Laforestrie tient ses engagements, Le Mouv’ devrait avoir droit, à terme, à un sérieux ravalement de façade. Le nouveau directeur compte bien élargir les horizons de son antenne et lui conférer une identité forte, cohérente (avec un possible de changement de nom à la clé).
Son Mouv’ idéal : une radio destinée à tous les esprits jeunes, “des enfants de 6 ans qui vieillissent trop vite aux adultes éternellement jeunes”. Bruno Laforestrie prend à rebrousse-poil les orientations de l’un de ses prédécesseurs, Patrice Blanc-Francard, qui déclarait en 2013 : “Le Mouv’ n’est (…) pas une radio « jeunes », mais la plus jeune des chaînes de Radio France, nuance ! ”.
Comment passer de la “plus jeune des chaînes” à celle “de tous les jeunes”? C’est “en laissant s’exprimer la passion voire la colère que la jeunesse, avec tous ses talents, se réappropriera son média”, écrivait Laforestrie il y a quelque mois. Un pari loin d’être gagné d’avance : le Mouv’ est un éternel chantier. En quatre ans, trois directeurs se sont succédé. Tous ont tenté – en vain, de faire décoller la station, née il y a 17 ans.
Edit : suite à la conférence de presse de Radio France du 27 août, l’article a été mis à jour.
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