Avec l’organisation d’un scrutin consultatif sur l’avenir de La Poste, la France découvre la « votation ». Les organisateurs se frottent les mains, le gouvernement crie à la pantalonnade.
Faute de mieux, on a appelé ça une « votation ». Le référendum sur l’avenir de La Poste, qui s’est tenu du 27 septembre au 3 octobre, a rassemblé 2 123 717 votants selon les organisateurs. Le comité national contre la privatisation de La Poste (composé de 62 syndicats, partis politiques et associations plutôt orientés à gauche), a qualifié ce score de « succès historique ».
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Les citoyens étaient invités à répondre à une seule question : « le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord avec ce projet ? ». Sans surprise, le vote a réuni les convaincus. 98,5% des répondants ont choisi le « non ». 31701 personnes, soit 1,5% des suffrages, ont soutenu une privatisation.
Et maintenant ? Le vote n’a aucune valeur juridique. Mais les organisateurs réclament le retrait de la réforme, la tenue d’un débat national et d’un référendum en bonne et due forme. Le droit au référendum d’initiative populaire, introduit en 2008 dans la Constitution, prévoit qu’un cinquième des parlementaires, soutenus par un dixième des électeurs inscrits peuvent demander au chef de l’Etat de soumettre un projet de loi à référendum. Pour l’instant, cette réforme n’est pas applicable, faute d’une loi organique précisant les modalités. Cette loi devrait être discutée d’ici le mois de juin 2010, a annoncé le président de l’Assemblée Bernard Accoyer.
En attendant, le gouvernement dénonce un « vote faussé » et n’accorde aucune valeur à cette consultation. Le ministre du Budget Eric Woerth affirme que « la question est un mensonge : le gouvernement souhaite que la Poste reste publique à 100%, continue à exercer ses missions de service public pour l’aménagement du territoire ». Il ajoute que « les socialistes demandent un référendum alors qu’ils n’ont pas voté la réforme de la Constitution qui permet cela ».
Même son de cloche du côté du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi. Il a ironisé sur la « votation » qui rappelle, à ses yeux, « les grandes heures de l’Union soviétique ». « Quand la question est posée par M.Besancenot et les résultats dépouillés par le Parti socialiste, tout ça doit être pris avec beaucoup de mesure, d’autant que nous avons de sérieuses réserves sur la façon dont s’est déroulé ce scrutin » a déclaré le ministre.
Pour Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de gauche et membre du comité, « il y a un procès un peu grotesque que nous fait l’UMP en nous disant « ce n’est pas vraiment un vote ». On est au courant, c’est pour cela qu’on l’appelle une votation ». Il considère cette consultation comme « une démonstration », « un signal » politique.
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