Deux ans après les attentats du 13-Novembre, qui ont fait 130 victimes, les plaies sont encore ouvertes.
Un rayon de soleil automnal se fraye un chemin entre les arbres. C’est dans cette lumière froide et hésitante que sont scandés les noms des 90 victimes du Bataclan. 90, soit plus de la moitié des 130 victimes de cette tragique soirée.
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11 heures 30. Devant la salle de concert, la cérémonie commence. Emmanuel Macron et Anne Hidalgo, la maire de Paris, rendent hommage aux victimes des attentats. Non loin de là, quelques badauds se pressent sur les grilles du square du Bataclan. La foule est clairsemée, mais l’émotion est palpable. Quelques murmures fendent le silence. Tout le monde semble ici avoir été touché par la tragédie, de près ou de loin.
“A chaque fois que je vais à un concert, je pense à ça”
Le temps semble comme suspendu. Un silence grave vient répondre aux noms des disparus. Il y a deux ans jour pour jour, 13 novembre 2015, l’horreur. Au Bataclan, au Stade de France, au Petit Cambodge, au Carillon. A Paris et à Saint-Denis.
Nous rencontrons tout d’abord Jean-Michel, accoudé à la grille du square, scrutant la cérémonie avec attention. « Je suis là aujourd’hui parce que j’aurais pu être là, il y a deux ans. C’est important de commémorer ce drame. Il ne faut pas oublier. Deux ans après, c’est encore pesant. Ça fait vingt ans que je fais des concerts. Comment a-t-on pu rentrer avec des kalachnikovs dans le Bataclan ?… Je travaille dans le XIe arrondissement [où se trouve le Bataclan, ndlr], je suis né à Paris. Pour moi, c’est vraiment mon quartier, ma culture », insiste-t-il, ému.
« 130 victimes, c’est énorme. Je n’ai pas de haine, mais je suis encore un petit peu en colère. A chaque fois que je vais en concert, je pense à ça. Il faut avancer, mais c’est dur ». Lorsqu’on lui demande s’il est prêt à revenir au sein de la salle parisienne, la réponse se fait hésitante. « Y retourner ? Je ne sais pas, franchement je vous dis, je sais pas, concède-t-il. Mais il faut continuer à écouter du rock, à aller à des concerts ». Un mot d’ordre que semblent approuver de nombreuses personnes venues assister à la cérémonie.
Pour Simon, rencontré un peu plus haut, au croisement du boulevard Voltaire et du boulevard Richard-Lenoir, assister à la cérémonie était une « évidence ». « J’habite le quartier. C’est pas morbide, c’est ambivalent. Mais la vie continue. Le 13 novembre 2015, je ne me suis pas rendu compte. C’est seulement après, le lendemain, que j’ai réalisé ce qu’il s’était passé. Quand je passe devant la plaque de commémoration, ça me fait quelque chose », confie-t-il.
« L’islam est loin de ces barbares, de ces massacres »
Il est 13 heures. La foule s’est dispersée, Emmanuel Macron, les officiels et les camions de CRS sont partis. Seules restent quelques personnes, çà et là, devant le Bataclan. Certains font encore la queue pour déposer des fleurs au pied de la plaque commémorative. Hassen Chalghoumi, l’imam controversé de Drancy, entouré d’une nuée de journalistes, répond à quelques questions.
Dans son sillage, une petite dizaine de fidèles ont revêtu des t-shirts « Musulmans contre le terrorisme ». « Nous sommes là pour délivrer un message de paix, pour dire qu’on est contre le terrorisme. L’islam est loin de ces barbares, de ces massacres. On est tous là pour défendre l’humanité. Juifs, musulmans, chrétiens, on est tous là contre le terrorisme », déclare Hazem, qui arbore un de ces t-shirts.
Le soleil semble avoir déserté le ciel, et le froid se fait de plus en plus pénétrant. A moins d’un kilomètre de là, dans le Xe arrondissement, les rues sont déjà désertes. Il y a quelques heures à peine, Emmanuel Macron se rendait devant la plaque apposée hommage aux victimes du Petit Cambodge et du Carillon, deux bars visés par les terroristes. Seules la plaque et la gerbe de fleurs, fraîchement déposée par le président de la République, rappellent ce qui s’est passé il y a deux ans. La rue ne porte plus les stigmates de l’horreur. A l’intérieur du Petit Cambodge, la table est dressée, et on attend les clients. La vie continue.
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