En mode Blade Runner, le prequel de Deux Ex offre au joueur le luxe de se réinventer, voire de “s’augmenter”.
Surtout, ne pas se décourager après une heure ou deux de jeu : le début de Deus Ex – Human Revolution ne donne qu’une idée très partielle de l’expérience qu’il propose vraiment. Tentant laborieusement de venir à bout du prologue de ce prequel d’un jeu majeur (Deus Ex, 2000, coup de maître de Warren Spector et Harvey Smith), on jurerait évoluer dans un jeu de tir en vue subjective (FPS) très ordinaire ou dans une simulation d’infiltration (notre objectif : nous immiscer discrètement dans un bâtiment bien gardé) moins sophistiquée que les fleurons du genre (Metal Gear Solid, Splinter Cell). Surtout, ne pas s’arrêter à cette première impression : si Deus Ex – Human Revolution est bien un FPS et un jeu d’infiltration, il est aussi beaucoup plus que cela.
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Soudain, l’espace s’ouvre. Nous voilà lâché dans un Detroit légèrement futuriste (nous sommes en 2027). Plus tard, le jeu nous emmènera en Chine. Mais on se croirait surtout devenu un habitant de Blade Runner. Comme dans le film de Ridley Scott, le récit touche à la définition même de l’humain. On n’arrête pas le progrès : moyennant finances, chacun a la possibilité de se faire « augmenter » mécaniquement. D’améliorer sa vision, sa vitesse, sa résistance. Adam Jensen, notre héros, n’a pas eu le choix : après une mission qui a mal tourné, sa survie était en jeu, les implants mécaniques s’imposaient. Il travaille pour Sarif Industries, entreprise qui règne sur le secteur biotechnologique. Et ne va pas tarder à découvrir qu’il se passe des choses pas très nettes.
On choisit ce que l’on dit, ce que l’on fait, ce que l’on vit
Human Revolution est, au fond, un jeu d’enquête. Qu’il suive sagement le scénario ou, ce qui est chaudement recommandé, qu’il opte pour l’exploration freestyle de ce monde gagné par la mélancolie, le joueur n’aura qu’un but : comprendre. Le jeu répondra subtilement à ses interrogations, semant des indices et réagissant à ses actions (la conclusion de l’aventure, notamment, en dépendra). Et l’on se retrouve bientôt, entre deux virées en ville, à pirater les ordinateurs de nos collègues de bureau en quête d’emails révélateurs.
Human Revolution est, surtout, un jeu de rôle. Littéralement : on choisit ce que l’on dit, ce que l’on fait, ce que l’on vit. Ce que l’on joue, l’homme que l’on devient. En chemin, on se heurte parfois à ses petites imperfections techniques. Mais le souffle de sa narration interactive les rend absolument négligeables.
Erwan Higuinen
Deus Ex – Human Revolution sur PS3, Xbox 360 et PC (Eidos Montréal/Square Enix, de 40 à 60 euros)
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