“Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée.” C’est l’ordre qu’ont reçu des soldats israéliens pendant une opération dans la bande de Gaza durant l’été 2014. Autrement dit, même s’il s’agissait d’un civil sans danger, ces soldats avaient parfois ordre de le tuer. L’ONG israélienne […]
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« Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée. » C’est l’ordre qu’ont reçu des soldats israéliens pendant une opération dans la bande de Gaza durant l’été 2014. Autrement dit, même s’il s’agissait d’un civil sans danger, ces soldats avaient parfois ordre de le tuer.
L’ONG israélienne « Breaking The Silence » (Brisons le silence) publie les témoignages d’une soixantaine de soldats à propos de l’opération « Bordure protectrice », conduite à l’été 2014 dans la bande de Gaza. Ils racontent comment l’armée israélienne a mené des attaques sur le territoire palestinien, tuant parfois des centaines d’innocents. Une triste réalité encore peu dénoncée.
« On n’a jamais vu d’êtres humains de près, sauf pendant les brefs cessez-le-feu de quelques heures. Les gens croyaient alors qu’ils pouvaient rentrer chez eux en toute sécurité. Il y avait des personnes âgées, des femmes, des enfants… On ne savait pas quoi faire. Ils nous voyaient, ils continuaient à avancer. On avait peur d’attentats kamikazes. Il m’est arrivé de prendre la mitrailleuse pour viser à côté d’eux, pour leur faire peur, car on avait peur aussi. »
Officiellement, on briefait les soldats afin qu’ils évitent les victimes civiles. « Mais en même temps, on nous demandait de faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon. Les autres disaient : ‘On doit le faire, c’est eux ou nous, ils finiront par nous tuer sinon, c’est OK… ’ », raconte un soldat.
L’armée israélienne avait dressé la liste de bâtiments sensibles à ne pas viser, comme des locaux de l’ONU ou des hôpitaux par exemple, sauf accord préalable du haut commandant. Parfois, la provenance de tirs des combattants palestiniens n’était pas clairement établie et « au final, on bombardait tout », confie un commandant d’infanterie.
En publiant ces témoignages de soldats israéliens anonymes, l’ONG espère faire changer les choses en heurtant les consciences. Depuis le début du conflit, l’armée israélienne compte 73 morts dont 6 civils, pour 2 200 personnes tuées dont 1 500 civils côté palestinien, à Gaza.
Dans un communiqué, l’armée affirme de ne pas avoir eu accès à ces témoignages avant leur publication. Mais elle s’est dite prête à “examiner toute plainte crédible”. Des enquêtes internationales sur la guerre à Gaza sont en cours, tandis que le gouvernement israélien continue de prétendre avoir “l’armée le plus morale au monde”.
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