Alliance hétéroclite de micro partis et de d’associations, la liste FLUO veut faire entendre les voix des marginaux.
FLUO, « c’est sympa, c’est punchy », remarque le fondateur de la liste qui portera ce nom aux prochaines élections régionales en Île-de-France. Fluo n’est pas seulement un mot choisi au hasard, c’est l’acronyme de Fédération Libertaire Unitaire Ouverte. A l’initiative de Sylvain de Smet, conseiller régional EELV élu dans le Val d’Oise. Au début de l’été, lorsque les listes commencent à se constituer chez Europe Ecologie – Les Verts, Sylvain de Smet s’éloigne de son parti – ou est poussé vers la sortie selon la version de ses détracteurs. Expédié des premières places de la liste du Val d’Oise, il préfère réfléchir à une autre solution, d’autant plus qu’il n’adhère plus à certaines décisions de son groupe. L’idée qui lui trotte dans la tête depuis quelques temps prend alors forme : rassembler sur une liste « celles et ceux qui sont harcelé(e)s ». Cette fédération rassemble ainsi les « oubliés des politiques », selon de Smet. En têtes de liste des sections départementales, on retrouve ainsi l’une des cofondatrices du Strass (syndicat du travail sexuel), une militante du Parti Pirate, une membre du Free Party (des mouvements qui organisent des free party), ou encore un adhérent de Cannabis Sans Frontières (CSF).
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Pour être plus forts
Beaucoup des groupes qu’il contacte répondent présents, voyant FLUO comme une opportunité. Sans cette liste, ils ne se seraient peut-être jamais présentés. Maîtresse Gilda, cofondatrice du Strass, se porte candidate à des élections pour la première fois en tant que tête de liste dans les Hauts-de-Seine. « Je ne me reconnaissais pas dans les autres partis », explique-t-elle.
« C’est une façon de mieux se faire entendre », renchérit Farid Ghehioueche, lui aussi candidat. Pour Cannabis Sans Frontières, dont il est membre, c’est aussi l’occasion d’éviter la stigmatisation dont son mouvement est souvent victime. Quant au Parti Pirate, contacté également par EELV, le choix s’est porté sur FLUO non pour des raisons de meilleure visibilité mais davantage pour les idées défendues, explique Stéphanie Geisler, militante et tête de liste à Paris : « On s’en sentait plus proches, et on avait plus de garanties d’être écoutés ». Réunis sur une même liste, tous se sentent plus forts, d’autant plus avec un élu sortant en tête de liste.
Des marginalisés aux « idées sérieuses »
Si certains soupçonnent Sylvain de Smet d’une manœuvre politicienne pour assurer sa réélection, l’incertitude dans laquelle se trouve FLUO à deux jours du dépôt des listes tend à démentir cette hypothèse. Sylvain De Smet, d’ailleurs, s’en défend :
« Si je voulais être certain d’être réélu, j’aurais rejoint une liste comme l’UDE (Union des Démocrates et des Ecologistes, créée par Jean-Vincent Placé, ndlr). Je ne me serais pas allié à des teufeurs, des putes… »
Dans cet ensemble un peu flou, la liste FLUO aura-t-elle du mal à trouver une cohérence ? « On vient tous d’horizons très différents », reconnaît Maîtresse Gilda. « Mais ce qui nous rassemble dans cette diversité, c’est qu’on est un peu tous des marginalisés, oubliés des politiques ». La liste cherche à tirer de ces univers très variés un lot d’idées propres à chacun, comme résume Farid Ghehioueche :
« Chaque groupe est venu avec son bagage de propositions, et on les a discutées ensemble ».
Pour CSF, la légalisation de la marijuana fait partie de ce bagage. « Nous voudrions faire de l’Île-de-France une région expérimentale, d’innovation », décrit-il, vantant les intérêts thérapeutiques ou fiscaux de la légalisation, tout en insistant sur la prévention. Au Parti Pirate, les propositions s’orientent vers les libertés numériques. Sylvain de Smet est lui aussi venu avec ses idées, et en particulier la mise en place d’un ticket unique dans les transports franciliens les week-ends et vacances scolaires. Ajoutons à cela une volonté de développer les énergies renouvelables, un appui des cultures alternatives, porté notamment par les représentants du Free Party, et la défense des minorités sexuelles ; un programme vaste, ce que reconnaît aisément le chef de file :
« Le programme ne sera jamais terminé, tout le monde a tellement de choses à apporter ! »
Une autre façon de faire de la politique
Car c’est aussi ça l’esprit de FLUO : créer une liste citoyenne. « Notre système de décisions en interne est horizontal, décrit Stéphanie Geisler : chacun peut donner son avis de la même façon, qu’il soit en tête ou tout en bas de la liste. » Sur les réseaux sociaux, FLUO a lancé une course aux candidatures : « Nous voulons montrer que chacun peut faire de la politique, même s’il ne s’en sentait pas capable », avance Sylvain de Smet. Le premier objectif était de boucler la liste à temps, et c’est chose faite : « C’est déjà une victoire en soi ! ». Maintenant, le candidat tête de liste vise « entre 5 et 12% » pour les élections qui se tiendront les 6 et 13 décembre prochains.
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