Pour la première fois, le Parti pirate participe à une législative en France. Son candidat explique leurs buts et les luttes entre les divers groupes pirates.
Que Christine Boutin, récemment débarquée du gouvernement, quitte définitivement son siège de députée des Yvelines après sept mandats pourrait, en soi, être une bonne nouvelle. Mais l’élection législative partielle qui aura lieu le 20 septembre dans la dixième circonscription de ce département à la suite de sa démission fournit une raison bien plus avouable de se réjouir. Un candidat y portera, pour la première fois en France, les couleurs du Parti prate (partipirate.org), fondé autour de son opposition à la loi Hadopi et militant pour la défense des citoyens internautes et de leurs libertés.
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Un geek pourrait donc en principe remplacer la dame qui pleure, une Bible à la main, dans l’hémicycle. “C’est d’ailleurs avec la perspective de leur proposer de présenter un candidat que je suis entré au Parti pirate, il y a seulement quelques semaines”, explique Maxime Rouquet, qui a finalement été choisi pour se rendre devant les électeurs. Cet étudiant ingénieur de 23 ans, ancien conseiller de quartier à Rambouillet, fréquentait la nébuleuse anti-Hadopi avant de rejoindre l’émanation française du Parti pirate suédois. Un parti qui peut déjà s’enorgueillir d’une victoire politique pour avoir envoyé un député siéger à Strasbourg, après avoir obtenu 7,1 % des voix aux dernières élections européennes en Suède.
“Cette élection législative qui tombe au même moment que le retour de la loi Hadopi devant les députés est une formidable fenêtre médiatique pour notre parti qui est en phase de lancement”, note Maxime Rouquet qui défend cependant la pertinence politique de son organisation : “Nous voulons redonner aux citoyens une voix dans le débat démocratique, notamment sur des lois comme Hadopi ou Loppsi (loi d’orientation sur la sécurité intérieure – ndlr) qui sont liberticides. Notre parti est déterminé à peser sur la scène politique pour lutter contre l’avènement d’une société de contrôle et de surveillance.”
Un programme alléchant mais malheureusement brouillé dans l’oeuf par des dissensions dignes de sectes marxistes-léninistes. Car loin de parler d’une seule voix, la mouvance pirate multiplie les structures qui entretiennent une certaine confusion. Si un rapprochement semble avoir été finalisé avec le Parti pirate canal historique (sic), le Parti pirate français semble encore jouer les trouble-fête. “Nous sommes ouvert à toutes les fusions”, explique Maxime Rouquet, dont le parti travaille à la création d’une internationale des pirates regroupant les différentes structures au niveau mondial. “Mais il est difficile de négocier avec le Parti pirate français, dont la vision très politicienne de l’action ne cherche qu’à les mettre en avant de manière personnelle.” La guerre est d’ailleurs ouverte sur le web où le Parti pirate français lance des appels à l’adhésion, entretenant l’ambiguïté sur une élection à laquelle il ne participe pas.
Le parti de Maxime Rouquet, qui revendique un millier de sympathisants, n’a, lui, pas encore lancé de campagne d’adhésion. “On veut d’abord gagner en visibilité”, explique le candidat qui reconnaît avoir déjà été approché par certains petits partis politiques, mais se refuse pour le moment à toute démarche d’alliance. “Nous n’avons pas d’étiquette politique, ni de droite, ni de gauche, mais laissons ouverte la possibilité de rejoindre un groupe à l’Assemblée le cas échéant.” La circonscription devrait rester à droite, mais les pirates sont bien décidés à s’installer dans le paysage politique de manière durable.
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