Marketing et pénurie organisée : la montre connectée d’Apple, dont les précommandes explosent, sera commercialisée le 24 avril. Et si nous laissions plutôt du temps au temps ?
Tout est dans le poignet. Vraiment tout, quand la montre connectée d’Apple s’y enroulera telle la vipère. Elle y plantera ses crochets pour ne plus en bouger. Non pas qu’un cadenas soit monté sur le bracelet de ce nouveau gadget : c’est nous qui refuserons de nous en séparer tant elle aura pris de la place dans l’organisation de notre vie quotidienne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Elle donne l’heure avec une précision extrême, certes, c’est le minimum. On peut s’en servir pour envoyer des SMS et passer des coups de fil en murmurant à l’oreille de la montre comme le faisait Michael Knight en son temps, dans K 2000, mais pour discuter avec sa voiture, lui – on n’en est pas encore là. Elle permet aussi de trouver un resto à proximité, etc. Rien de très nouveau.
>> Essayez les Inrocks premium gratuitement pendant une semaine
Mais contrairement au smartphone, la montre reste collée au corps et celle d’Apple a la particularité de vous tapoter le poignet pour vous solliciter. Tap, tap, tap à chaque message ou invite électronique. Et en matière de sollicitations, de “pushes” et de tweets intempestifs, l’Apple Watch se pose là. Tap, tap, tap, tap, tap, tap. En permanence. D’autant qu’au contact direct de notre peau, comme le stéthoscope, la montre joue à fond la carte du “quantified self”, cette tendance des années 2010 à mesurer et vérifier les niveaux de son corps à chaque instant.
Calories perdues et distances parcourues
Ainsi, elle jauge aisément notre flux sanguin en captant la pulsation de l’artère. Un petit cœur se dessine à l’écran et gonfle et dégonfle en rythme. On peut même envoyer ce témoignage de notre existence à l’élu(e), de ce cœur justement. Tap, tap, tap. Trop mignon… La montre mesure aussi le nombre de calories perdues, les distances parcourues et notre activité physique. Si vous avez le malheur de rester un peu tranquille pendant un laps de temps trop long pour elle, elle vous rappelle à l’ordre : “Tap, tap, tap : Time to stand !”
Et quoi encore ? Nous dira-t-elle quand dormir ? Pisser ? Acheter ? Bientôt, elle détectera les cœurs qui battent à l’unisson pour nous désigner de qui tomber amoureux. Doucement, sans heurts, la montre régira nos vies, du matin au soir. Petit à petit, les aiguilles vont sortir du cadran pour servir de baguettes au Grand Marionnettiste cher aux complotistes, avec nous dans le rôle de la marionnette. Bientôt, on installera une grande horloge en forme de pomme sur la place centrale de chaque ville et village. Ce seront autant de relais pour diffuser les ordres et dicter les comportements.
Visez un peu le chemin parcouru : la chaîne de la montre à gousset s’est insensiblement transformée en menotte de bagnard. A moins que ce ne soit qu’un gadget inoffensif de plus, tout juste bon à liker plus vite, et textoter plus aisément, à peine plus utile que les désuètes montres calculettes des années 80. Nous verrons avec le temps, ne nous alarmons pas.
{"type":"Banniere-Basse"}