Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, 35 ophtalmologues alertent sur l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) dans le cadre du maintien de l’ordre par la police. Face à l’ »épidémie de blessures oculaires gravissimes” depuis le début du mouvement des gilets jaunes, ces médecins réclament un moratoire sur leur usage.
Une vingtaine. Voilà le nombre de personnes qui auraient perdu un oeil depuis le début du mouvement des gilets jaunes, fin novembre, selon une cellule de veille mise en place par la Société française d’ophtalmologie. En cause : l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) par la police sur les manifestant.e.s. De quoi enjoindre 35 ophtalmologues de renom à réclamer à Emmanuel Macron un moratoire sur l’utilisation d’une telle arme. Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République publiée le 9 mars dans le JDD – le chef de l’Etat n’ayant pas répondu à leur missive initiale – ils mettent en avant une “‘épidémie’ de blessures oculaires gravissimes” totalement inédite selon eux.
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Une arme interdite dans plusieurs pays
Estimant que leur “devoir de médecin est d’alerter”, comme l’a souligné à l’AFP Bahram Bodaghi, ophtalmologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, les signataires expliquent que “les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience” et que “l’imprécision inhérente à cette arme dev[ait] nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations”. On est donc bien loin ici des “accidents” évoqués par Christophe Castaner dans l’émission Au tableau! sur C8 il y a quelques semaines, le ministère de l’Intérieur précisant tout de même que les policiers sont censés “absolument éviter la tête” quand ils utilisent cette arme. C’est plutôt raté jusqu’ici.
”Alors les enfants, maintenant, on va voir comment réduire une manifestation à coup de LBD”.
Un pédagogue hors pair…
pic.twitter.com/zJUVKnYgrt— Pascal Riché 🔆 (@pascalriche) February 21, 2019
Comme le rappelle Libération, l’usage du LBD est extrêmement controversé, le Défenseur des droits réclamant même depuis début 2018 son interdiction dans le cadre du maintien de l’ordre. Idem, fin février, le Conseil de l’Europe a enjoint la France à suspendre l’utilisation de cette arme de façon à “mieux respecter les droits de l’homme”. Elle est d’ailleurs interdite dans plusieurs pays.
La place Beauvau, elle, continue de défendre son usage. Depuis le début du mouvement, en novembre, plus de 13 000 tirs de LBD ont été recensés, provoquant l’ouverture de 83 enquêtes sur leur utilisation selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez. Toujours selon le Ministère, 2 200 manifestant.e.s et 1 500 membres des forces de l’ordre ont été blessé.e.s depuis le début de la mobilisation. Des chiffres sous-estimés selon le collectif contre les violences policières d’Etat Désarmons-les.
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