Dans une longue enquête publiée lundi 18 mai, Mediapart donne la parole à de nombreuses femmes qui travaillent chez Air France et qui dénoncent des violences sexistes et sexuelles allant du harcèlement au viol.
“Le commandant de bord me laisse passer devant lui, en me disant tout bas : ‘Je fais ça pour pouvoir mater le cul des hôtesses et des stewards.’.” Voilà l’un des nombreux témoignages recueillis par Mediapart, qui consacre ce lundi 18 mai une longue enquête mettant au jour des violences sexuelles et sexistes à Air France. Une dizaine de femmes travaillant pour la compagnie aérienne ont accepté – toutes anonymement, par peur de représailles sur leur carrière – de répondre au site d’information et dénoncent des faits allant du harcèlement au viol, qui auraient été commis tant par les voyageurs que par leurs collègues.
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Des témoignages qui rapportent des mains aux fesses et des propos dégradants, que ce soit en vol ou bien durant les escales, et qui mettent en exergue le peu de réaction de certains supérieurs hiérarchiques assistant à de telles scènes. “Les chefs de cabine et chefs de cabine principaux, responsables de l’équipage, ne réagissent pas lorsqu’ils assistent à des scènes de harcèlement sexuel. Ils ne prennent pas la mesure de ce qu’on vit”, explique par exemple l’une d’entre elles. Certains supérieurs sont par ailleurs accusés d’être eux-mêmes les agresseurs. Enfin, une femme témoigne avoir été violée par un copilote, les pilotes étant par ailleurs décrits comme “intouchables”.
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“La question est assez taboue”
Comme le souligne Mediapart dans sa “boîte noire”, la direction d’Air France “s’est refusée à échanger en direct et à répondre sur les cas précis”, se cantonnant à ce type de déclarations : “Air France prend le sujet de la prévention des comportements sexistes et du harcèlement très au sérieux. La prévention des risques de harcèlement au titre de la santé physique et mentale des salariés est une des valeurs éthiques fondamentales de la politique sociale d’Air France.”
Et si la direction a effectivement mis en œuvre ces dernières années des procédures de signalement et de prévention, selon les syndicats, ces dernières seraient insuffisantes : “La question est assez taboue. Nous ne parvenons pas à avoir les chiffres exacts, nous n’avons pas de sources fiables au sein de l’entreprise.” La direction a également refusé de communiquer à Mediapart combien de plaintes arrivaient dans ses services et le nombre d’appels reçus dans les cellules d’écoute mises en place, affirmant que “la majorité de ces dossiers est connue, prouvant que la remontée d’information et le suivi personnalisé mis en place fonctionnent. Et des mesures adaptées ont été prises dans chacun de ces cas : entretien managérial, sanctions disciplinaires dont licenciement”. Pourtant, selon les informations du site, un chef de cabine accusé de harcèlement et de gestes déplacés par une femme et d’agression sexuelle par une autre lors d’un vol en 2015, et signalé à la direction, serait par exemple depuis monté en grade.
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