Après des décennies de discrimination étatique contre les « patois », dix députés ont proposé de « valoriser l’usage courant » du mot chocolatine.
Le combat « pain au chocolat/chocolatine » se déroulera désormais à l’Assemblée nationale. Le 17 mai dernier, dix députés des Républicains ont déposé l’amendement n°2064 à la loi « équilibre dans le secteur agricole et alimentaire », pour « valoriser l’usage courant » du mot chocolatine, dans le code rural et de la pêche maritime.
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« Protéger les expressions populaires »
Selon les mots des députés, l’amendement vise à « redonner ses lettres de noblesse à de nombreux produits locaux« , par exemple à « une viennoiserie dont historiquement le nom a puisé son origine dans la région gasconne, et qui fait la fierté de tout le Sud de la France : la chocolatine ».
La science au chevet des VRAIES problèmes : La carte de France « pain au chocolat » VS « chocolatine » https://t.co/ossOJRu05E pic.twitter.com/WrUCAQOkBe
— Florian Marlin (@florianmarlin) October 26, 2017
Pourtant, seulement deux des dix parlementaires à l’origine de l’amendement viennent des « contrées chocolatinistes« (le Sud-Ouest de la France), du Cantal pour Jean-Yves Bony et du Lot pour Aurélien Pradié. À franceinfo, ce dernier a précisé :
» Ce n’est pas seulement un ‘amendement chocolatine’… C’est un amendement qui vise à protéger les expressions populaires qui mettent en valeur des savoir-faire culinaires. «
Des décennies de discriminations contre les « patois »
Selon le linguiste Mathieu Anvazi, qui a consacré un long article au débat insoluble « pain au chocolat contre chocolatine », « il n’y a pas une variante [de mot] qui est correcte, mais plusieurs ». « En tant que linguiste, je reste persuadé que ce sont les locuteurs qui définissent la norme, et non l’inverse. Dès lors, il existe autant de normes qu’il existe de régions… ou d’usages dominants ! »
En 1882, en rendant l’école obligatoire, Jules Ferry consacre aussi un monolinguisme d’Etat. Le français est la seule langue enseignée, et il est interdit de donner des cours en dialecte local. Les élèves pouvaient être punis s’ils parlaient en « patois ».
» L’intérêt des internautes pour les combats linguistiques qui opposent les tenants du « blanco » à ceux du « Typp-Ex », du « sac » à la « poche », de « septante » à « soixante-dix » voire de « crayon gris » à « crayon de bois » n’est peut-être pas seulement une illusion territoriale, mais une réponse du peuple à des décennies de discrimination en regard de la variation linguistique par nos élites, note le spécialiste des français régionaux Mathieu Anvazi. «
L’amendement de la discorde sera examiné le 30 mai. De quoi diviser la France entière.
Bon après la chocolatine, il est temps d’ouvrir le dossier « pomme de pin » !-) pic.twitter.com/ufqP40WsS4
— Rêv de Presse (@Rev_de_Presse) May 22, 2018
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