La maison de vente aux enchères Sotheby’s organise une vente des bijoux les plus iconiques du créateur de mode Alexander McQueen, mort en février 2010, conçus en collaboration avec l’orfèvre Shaun Leane. Hormis leur présentation sur les podiums, cette vente, précédée d’une exposition, révèle de nombreux bijoux auparavant jamais dévoilés au public.
Une couronne d’épines en argent massif. Un gigantesque ras-du-cou à boucles, imitant un noeud en tissu. Un corset constitué de tubes en aluminium, moulant le corps du cou jusqu’aux hanches. Des pièces aussi extraordinaires ne pouvaient que sortir de la maison Alexander McQueen, créateur de mode britannique le plus subversif de sa génération. Le designer, mort en février 2010, comptait sur une sélection de collaborateurs pour venir enrichir ses silhouettes de défilé : son amie Isabella Blow lui file un coup de main pour la direction artistique, le chapelier Philip Treacy vient coiffer les têtes de ses mannequins et l’orfèvre Shaun Leane orne ses silhouettes de bijoux plus somptueux les uns que les autres.
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Pour la première fois – en dehors de leur présentation sur les podiums – les créations de Shaun Leane pour Alexander McQueen sont dévoilées à New York, à l’occasion d’une vente aux enchères à l’antenne américaine de la maison de vente Sotheby’s. Du 30 novembre au 4 décembre, plus de quarante-cinq pièces créées par Shaun Leane seront exposées au public, avant leur mise en vente le lundi 4 décembre : trente pièces créées pour Alexander McQueen, ainsi que des commandes spéciales réalisées pour des clientes d’exception, comme Isabella Blow ou l’héritière Daphne Guinness. Jusqu’ici la propriété exclusive de l’orfèvre, c’est la première fois que les bijoux créés pour McQueen sont mis en vente.
Inspirer et provoquer
« Chacune des pièces correspond à un moment important dans ma carrière, ainsi qu’à un souvenir de Lee (McQueen) et de ma vie, » explique Shaun Leane au Business of Fashion. Le bijoutier rencontre le créateur de mode alors que ce dernier est encore étudiant à l’école de mode Central Saint Martins à Londres. Leur collaboration commence quand McQueen lance sa propre marque en 1992 : Shaun Leane travaille de jour chez un bijoutier à Hatton Gardens, quartier historique des bijoutiers londoniens, et imagine des pièces barrées pour McQueen la nuit. Par manque de moyens, l’orfèvre délaisse les diamants et l’or pour venir travailler des matières plus inattendues comme le laiton, des plumes ou des aiguilles de porc-épic. « Nous avons commencé à créer ces pièces il y a vingt-cinq ans. On repoussait les limites et changeait les perceptions de ce que devaient être le bijou ou la mode. Est-ce de l’art ? Est-ce de la mode ? L’avenir de ces créations est désormais de remplir le rôle pour lequel elles ont été conçues : inspirer et provoquer. »
Alexander McQueen, The Overlook, Autumn/Winter 1999.
Courtesy of the Shaun Leane archive.
Parmi la sélection de la vente aux enchères, on retrouve le célèbre corset fait de quatre-vingt-dix-sept tubes en aluminium, inspiré des colliers tribaux africains, moulé sur le corps de la mannequin Laura Morgan : créé pour la collection « The Overlook » automne-hiver 1999, le corset a été conçu à partir du buste de la mannequin moulé dans du béton, puis transformé en aluminium après quatre mois de travail. Le jour du défilé, le corset est vissé sur le corps de Laura Morgan, restreignant considérablement ses mouvements. Dix-huit ans plus tard, la valeur du corset est estimée entre 250 et 300 000 dollars.
« Couture Fashion Jewellery: The Personal Archive of Shaun Leane », pièces exposées du jeudi 30 novembre au lundi 4 décembre à Sotheby’s New York, 1334 York Avenue. Vente des bijoux le lundi 4 décembre à 18h (heure de New York).
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