Horst Tappert, qui incarnait le célèbre inspecteur d’Outre-Rhin, est décédé à 85 ans. Un sale coup pour les costumes en velours côtelé et les décors verdâtres et maronnasses.
Le flic préféré des mamies n’est plus. Horst Tappert, qui incarnait le célèbre inspecteur Derrick dans la série du même nom est décédé aujourd’hui dans une clinique de Munich. Son épouse Ursula a annoncé sa mort au magazine people d’outre-rhin Bunte. Agé de 85 ans, il avait mis un terme à sa carrière en 1997. Près de 300 épisodes diffusés dans plus de cent pays, 25 saisons et autant d’années de tournages et la série reste aujourd’hui un des rares programmes indétrônables du paf. A côté de la série, l’acteur a aussi joué dans une bonne quarantaine de films et téléfilms allemands de seconde zone, la plupart inédits en France.
Indissociable de son acolyte Harry Klein, interprété par le comédien Fritz Wepper, « Derrick », de son prénom Stephan, avait entamé sa carrière au théâtre. Né en 1923, il est enrôlé dans l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale. A la fin du conflit, il prend des cours de comédie et multiplie les représentations.
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Absolument manichéenne, la série doit son infatigable succès aux valeurs que portent son protagoniste. Loin des archétypes de policiers casse-cou à la Magnum comme la télé américaine en a crée à foison à la même époque, le binôme Derrick-Klein n’est pas tapageur et un rien athlétique. Impassible et imperturbable, le duo est avant tout cérébral. Mais à la longue, la série a crée elle aussi un stéréotype. Nos deux héros auront incarné deux flics qui rayent de la ville de Munich les perversions urbaines du XXe siècle : infidélité, coups bas dans le monde du travail, héritages et autres successions de biens… le fameux bureau 311 de l’inspecteur, c’est un peu la brigade des mœurs du Paf, sorte de garde fou puritain des séries policières. Intègres et irréprochables, les deux flics sont deux hérauts portant un éternel message sermonneur de lutte du bien contre le mal. A l’heure où Navarro est colérique, Derrick, lui, paraît être sans faille.
Souvent taxé de soporifique pour son manque d’action, la série inspire des parodies en tout genres. L’une des plus célèbres est celle qui voit le policier bavarois se transformer en cadre d’une chaîne de télé à la recherche de nouveaux programmes dans le tordant « Derrick contre Superman » de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. Les Nuls transformeront le personnage en Inspecteur Merdick. Tappert lui-même semblait avoir un grand sens de l’autodérision : il a prêté sa voix à son homologue animé dans un cartoon pastichant ses aventures.
A l’inverse, un chercheur suisse a décortiqué le personnage dans une monographie consacré au phénomène, « Derick, l’ordre des choses ». Selon lui, ce n’est pas le héros qui est triste mais son univers. Et son constat conforte celui du moralisme du héros : « L’inspecteur lutte contre les délits non par simple jeu professionnel mais bien avec le sentiment de protéger la société civile dans son entier. » Déjà honoré de son vivant d’une médaille de l’ordre du mérite, les hommages posthumes pourraient se succéder dès ce soir. Horst Tappert rejoint le créateur du feuilleton Herbert Reinecker, décédé l’an dernier, au panthéon allemand des personnalités télévisuelles.
Manuel Delort
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