Deux docs racontent la crise de la quarantaine, vécue par des sujets désorientés.
Qu’est-on prêt à bouleverser dans sa vie pour ne pas faire le deuil de ses rêves ? Ainsi pourrait-on résumer la crise frappant, semble-t-il, tout être humain qui, comme Dante dans sa Divine Comédie, arrive « au milieu du chemin » de sa vie et se retrouve dans une « forêt obscure ». Prendre conscience que le temps qui reste est compté, que le jeu n’est pas encore terminé, mais qu’il faudra sans doute ne pas hésiter à redistribuer les cartes, abandonner peut-être en chemin famille, travail, modèles dans lesquels on se trouve désormais à l’étroit, abandonner surtout une part de soi qui ne reflète plus ce que l’on est.
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Bref, accomplir le meurtre symbolique de celui que l’on fut pour renaître et réinventer sa vie. Mais les formes que revêt cette crise de la quarantaine sont-elles les mêmes pour les hommes et les femmes, comme le suggère le dernier film de Judd Apatow ? Les deux documentaires – Les Hommes à mi-chemin de Lucie Cariès et Les Femmes à mi-chemin de Stéphan Moszkowicz – sondent les heurts et bourrasques qu’une poignée d’hommes et de femmes ont traversés à cet âge, un peu dépressif mais porteur d’espoirs.
Dans le souci de ne pas rebattre le cliché des quadras, qui ont tout plaqué pour faire le tour du monde ou saisir la main d’une jeunette sous l’oeil narquois du démon de midi, Lucie Cariès a laissé de côté le passé des hommes qui se livrent devant sa caméra. C’est le moment de la crise qu’ils racontent, comment elle s’est manifestée, quels questionnements intérieurs elle a mis au jour. Mieux ancré dans le quotidien de celles qu’il a rencontrées – chercher l’âme soeur, plaquer son boulot, affronter l’âge, le corps qui se modifie –, le film de Moszkowicz livre quant à lui une belle exploration de cet âge de l’entre-deux, où la vie aspire à danser sur le fil, avant qu’il ne soit trop tard.
Nathalie Dray
Les Hommes à mi-chemin de Lucie Cariès. Lundi 25 mars, 22h 50, Arte Les Femmes à mi-chemin de Stéphan Moszkowicz. Mardi 26 mars, 22 h 20, Arte
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