Quand les mesures sécuritaires font débat, la droite renvoie la gauche à “sa naïveté” et “son angélisme”. C’est la jurisprudence Jospin.
Ils se sont passé le mot ou quoi? Les “éléments de langage” ont encore sévi chez les ministres et divers porte-parole de l’UMP. Devant la levée de boucliers qui accueille les derniers projets sécuritaires du gouvernement, les préposés à la riposte ont accusé la gauche des pires maux : “l’angélisme” et “la naïveté”. La dernière à taper, c’est Nadine Morano.
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« Je pense que le PS reste totalement naïf aux problèmes de sécurité”, a déclaré la secrétaire d’Etat à la famille. “C’est leur responsabilité, c’est leur choix. Ils ne proposent rien depuis 1997. C’est sans doute l’une des causes de l’échec de M. Jospin et ils persévèrent dans cette voie.«
Las, le précédent du “péché de naïveté” revient à Lionel Jospin lui-même, qui avait donné le bâton en 2002. Coincé sur l’insécurité, il avait alors reconnu :
“Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté. Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer l’insécurité.«
Depuis, quand l’UMP présente les mesures les plus “dures” sur la sécurité et que la gauche critique, elle se fait renvoyer dans les cordes. Par tous les représentants de la majorité:
« Les socialistes veulent rester enfermés dans leur tranquille naïveté, comme au bon vieux temps de Jospin« , assène ainsi Christian Estrosi dans un entretien à France Soir.
Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP (et trésorier intérimaire depuis la démission d’Eric Woerth), surenchérit :
“Le PS, quand il était au pouvoir, a laissé exploser la délinquance, Lionel Jospin reconnaissant lui-même que la gauche avait fait preuve de naïveté sur la question. »
Fidèle à ce discours, le secrétaire général adjoint de l’UMP, Axel Poniatowski, a estimé que le PS s’évertuait à « défendre par son angélisme les pratiques délinquantes » et montrait « son incapacité chronique à prendre ses responsabilités en matière de sécurité« .
Puisque les reproches remontent à la dernière cohabitation, logique qu’un jospiniste s’y colle, Daniel Vaillant, ministre de l’Intérieur de 2000 à 2002:
« La gauche n’a pas de leçon à recevoir en matière de sécurité« , a-t-il estimé. Pour lui, « ce ne sont que des mots au coeur de l’été pour dresser les uns contre les autres, cliver avec la gauche, récupérer les voix du FN« .
“Nous n’avons pas le droit d’être naïfs”, affirmait un homme politique en 2009. Un jospiniste repenti? Non, Nicolas Sarkozy, déjà familier de cette rhétorique.
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