Après 50 ans de tergiversations, l’exécutif a annoncé sa décision concernant la construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ce mercredi. Le projet est abandonné. Un dénouement qui était très attendu, tant pour les opposants que pour les partisans du projet.
« Notre-Dame-des-Landes, aujourd’hui, c’est l’aéroport de la division. Le projet de Notre-Dame-des-Landes sera donc abandonné. » vient de déclarer le premier ministre Edouard Philippe, lors de la conférence de presse consacrée à ce sujet. Cette décision clôture un dossier épineux qui dure depuis des années. Celui-ci assure qu’il s’agit d’une « décision de raison et d’apaisement » dans un contexte très tendu.
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#NDDL Abandon de l’aéroport, évacuation de la ZAD… Ce qu’il faut retenir des annonces d’Edouard Philippe sur Notre-Dame-des-Landes https://t.co/B02hLF4oiR pic.twitter.com/lUwT07Iyb9
— franceinfo plus (@franceinfoplus) 17 janvier 2018
En relation étroite avec Emmanuel Macron avec qui il s’était entretenu tôt ce matin, Edouard Philippe soutient qu’un « projet qui structure le territoire pour un siècle ne peut se faire dans un contexte d’opposition exacerbée de la population » et propose plutôt un réaménagement et une modernisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique. La ZAD devrait être évacuée au printemps.
Ce dernier s’était déjà rendu sur place samedi dernier, pour “voir et écouter” et s’entretenir avec le maire de Notre-Dame-des-Landes Jean-Paul Naud.
Voir et écouter. À Notre-Dame-des-Landes. pic.twitter.com/bgPMIETKt9
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 13 janvier 2018
Même avant la décision finale, les forces de l’ordre se déploient autour de Nantes et sont prêtes à encercler la zone, selon Ouest-France. Richard Ferrand, président du groupe parlementaire LREM a affirmé : “Les zones de non-droit n’ont pas leur place dans une République et dans un État de droit (…) par conséquent quelle que soit la décision qui sera prise, il faudra bien que de toute façon les personnes qui occupent illégalement ce territoire cessent de l’occuper illégalement” .
50 ans de luttes
Pour rappel, Notre-Dame-des-Landes, c’est 1 650 hectares de bocages, de terres agricoles à l’ouest de Nantes. Un terrain où une lutte contre “l’aéroport et son monde” s’est organisée depuis les années 60. En effet, les agriculteurs et les habitants refusent que leurs terres deviennent une plateforme bétonnée servant les allers-retours bruyants des avions. Et comme ils préconisent l’usage plutôt que la propriété, ils ont alors décidé d’occuper et d’habiter la zone dans les années 2000. Notre-Dame-des-Landes est devenue une “Zone à Défendre” (ZAD), les occupants estimant qu’un territoire ne peut se défendre que par les gens qui y habitent. Aujourd’hui, on compte une petite centaine de lieux de vie et plus de 250 personnes qui se sont installées.
Une évacuation difficile
Une zone devenue une sorte de laboratoire post-capitalisme, que les autorités ont déjà tenté d’évacuer en 2012 avec l’opération “César”, mais sans succès. Les « zadistes » possèdent en effet un très large nombre de soutiens, qui n’ont pas hésité à se rendre sur place pour les aider dans leur lutte. Un événement qui pourrait se reproduire aujourd’hui et qui inquiète les forces de police car cela rendrait l’évacuation plus difficile.
“Il faut gérer ce genre de crise avec beaucoup de maîtrise” a jugé Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, sur France 2 ce mardi. Il assure également que la ZAD “sera éliminé de ces éléments les plus radicaux”.
Au journal Le Monde, la gendarmerie confie qu’après l’abandon du projet d’aéroport, “le gouvernement entrera dans une phase de négociation avec les occupants et on pourra temporiser. Les lieux dans la ZAD seront préservés, mais il y aura quand même des actions menées”.
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