L’agence de presse du Bloc Identitaire a diffusé l’avis de recherche, destiné aux seuls services de police, d’un homme soupçonné d’avoir mortellement percuté un douanier sur l’autoroute A10, jeudi.
Jeudi dernier, un motard des douanes, Damien Rouillier, est grièvement blessé après une course-poursuite avec un trafiquant de drogues, entre Tours et Poitiers. Il meurt le lendemain.
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Ce lundi, le site Novopress, agence de presse du parti politique d’extrême-droite le Bloc Identitaire, publie la photo et le nom d’un homme. Il est présenté comme l’individu recherché par la police judiciaire pour le meurtre du douanier.
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A l’appui de son article, le site reproduit la fiche de recherche diffusée aux services de police, sur laquelle on peut lire l’identité du suspect, ses date et lieu de naissance, le nom de ses parents. En dessous, la description de ce qui lui est reproché :
“Auteur homicide volontaire sur agent des douanes. Flagrant délit. Homme de type maghrébin, 30 ans. L’individu a refusé d’obtempérer à un contrôle des douanes puis a percuté un motard des douanes. Il a abandonné son véhicule dans lequel 400 kilogrammes de résine de cannabis ont été découverts.”
Les responsables de Novopress n’ont pas donné suite à nos appels. Mais comme le rapporte un policier, “la fuite vient forcément d’un flic”. Transmettre la fiche de recherche pour publication constitue une violation du secret professionnel. D’autant que le suspect est présumé innocent jusqu’à un éventuel procès.
Patrice Ribeiro, du syndicat de police Synergie Officiers, est plus nuancé sur l’origine de l’info :
“Ça peut être n’importe qui dans la chaîne pénale : policier, magistrat, greffier, personnel administratif… Les fiches de recherches sont établies par le service chargé de l’enquête [ici la police judiciaire de Tours, ndlr], qui demande à la Direction centrale de la police judiciaire de les diffuser.”
La fiche est alors envoyée sur un réseau informatique sécurisé et la version papier transmise aux commissariats. Elle ne doit pas sortir de l’institution, poursuit Patrice Ribeiro :
“Pour une diffusion plus large, par exemple la publication par les médias de portraits-robots ou photos de suspects, il faut une autorisation de l’autorité judiciaire (le magistrat en charge de l’enquête).”
En tout état de cause, pour Yannick Danio, du syndicat Unité-SGP Police :
“Ce sont des documents internes en diffusion restreinte qui n’ont pas vocation à se retrouver dans la presse, même si la personne en question est mise en cause dans un meurtre.”
C’est également la conclusion qu’en tire le ministère de l’Intérieur, où l’on affirme que « cette fiche, qui comporte des données confidentielles, ne doit pas se retrouver dans les médias. » « Il est compliqué d’expliquer comment elle s’y est retrouvée », commente un porte-parole, qui ne souhaite pas « échafauder des théories ».
Camille Polloni
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