Il y a désormais de l’eau dans le gaz entre François Bayrou et Emmanuel Macron. Le premier reproche au second le non-respect des accords concernant les investitures aux législatives. De quoi faire vaciller leur accord ?
Tout avait si bien débuté pourtant entre eux, le 22 février. Une belle rencontre organisée au Palais de Tokyo à Paris, une photo commune et une alliance, qui fit, selon François Bayrou, la différence en faveur d’Emmanuel Macron au soir du premier tour de la présidentielle. Et puis, patatras, tout a volé en éclats le 11 mai en fin d’après-midi quand arriva la liste des 428 premiers candidats labellisés En Marche! pour les législatives. Bayrou a vu rouge quand il en prit connaissance : « Quand, je lui au apporté mon soutien, il était à 18 %. Nous l’avons fait élire », affirme-t-il à L’Obs. Conséquence, cette première liste n’a pas « l’assentiment » du maire de Pau comme il l’a expliqué à l’AFP. « Macron va devoir changer de logique« , tance-t-il alors.
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François #Bayrou : "#Macron va devoir changer de logique" par @CaroleBarjon @lobs https://t.co/P1bguHA8gB pic.twitter.com/S7rdwuFeh3
— Carole Barjon (@CaroleBarjon) May 11, 2017
La conférence de presse retardée de deux heures, jeudi, au QG d’En Marche! avait mis la puce à l’oreille posait déjà la question de ces tensions. Des doutes vite confirmés par un membre de la commission d’investiture du mouvement, lancé il y a un an par Emmanuel Macron : « C’est Bayrou qui bloque, explique-t-il avant d’ironiser : Je ne savais pas qu’il y avait autant de candidats MoDem. » Bonjour l’ambiance.
Bayrou voulait un quart d’investiture pour le MoDem
Le nœud du problème est à chercher du côté du nombre de candidats didu Modem investis: les centristes en demandaient 120, ils n’en ont eu « que » 35. Or, selon Bayrou, un quart des circonscriptions revenait de droit à ses députés. On est loin du compte. D’autant que la liste diffusée en deux temps – un correctif a été apporté jeudi soir vers 20 heures – aurait été modifiée lors d’une réunion du « conseil d’administration’ d’En Marche! au nez et à la barbe du MoDem. Quant à Richard Ferrand, secrétaire général, il renvoie un Bayrou insatisfait dans les cordes, lui intimant de « changer de logiciel ».
Cette supposée sous-représentation n’est pas le seul grief. « C’est une opération recyclage du Parti socialiste. La grande lessiveuse. Je ne laisserai pas faire ça », a prévenu François Bayrou à L’Obs. Il reproche l’investiture de 24 députés sortants du PS, des « candidats repoussoirs » selon lui. De plus, de nombreuses personnalités de gauche n’ont pas vu de candidats labellisés En Marche! venir se positionner dans leur circonscription. Parmi elles : Marisol Touraine, Stéphane Le Foll ou Jean-Marie Le Guen. Manuel Valls a lui aussi eu droit à un « traitement de faveur ». Il n’aura personne face à lui bien qu’il n’ait pas été investi par le mouvement. Mis à part ce « cas particulier », « tous les candidats qui ont souhaité s’inscrire dans notre démarche ont dû passer par la commission d’investiture« , s’est défendu Richard Ferrand.
Un bureau politique vendredi soir
Bayrou ne compte pas en rester là. Il convoque ce soir un bureau politique de son parti, « en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente ». Si ça ne sonne pas comme un sérieux avertissement…
#laRepubliqueEnMarche : la colère de François Bayrou ? Ce que lui répond @GoulardSylvie ex-Modem aujourd'hui macroniste / #RTLMatin pic.twitter.com/I6bcVjgmK0
— Elizabeth Martichoux (@EliMartichoux) May 12, 2017
Invitée vendredi matin sur RTL, l’eurodéputée Sylvie Goulard très proche d’Emmanuel Macron, et pressentie pour entrer au gouvernement, a sèchement répliqué : « Le soutien qu’on a pu apporter à un moment donné ne signifie pas qu’on a un droit de tirage éternel. »
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