En puisant dans les règles du roman noir, Thierry Beinstingel rend hommage aux mystères de l’écriture.
Ça se lit comme un polar : un homme sans histoires, qui vit seul dans un pavillon de banlieue, s’aperçoit que ses voisins ont disparu. Il s’introduit discrètement chez eux, fouille, note nuit après nuit dans un cahier ses découvertes et ses hypothèses. Ont-ils été tués ? Se sont-ils suicidés ? Ont-ils choisi de quitter la ville sans laisser de traces ? Le mystère de leur disparition l’obsède et il ne cesse d’y penser alors que ses journées d’employé municipal sont pourtant bien remplies.
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On retrouve ici bien des ingrédients du roman noir – une énigme exposée dès les premières pages, un enquêteur solitaire, la sourde angoisse d’une macabre découverte – et des thématiques présentes dans les précédents livres de Beinstingel, Ils désertent ou Faux nègres : le monde du travail décrit avec minutie, le quotidien d’une anonyme ville de province.
Le pouvoir des mots
Ces éléments savamment alignés peuvent d’ailleurs partager le lecteur entre admiration devant un procédé narratif efficace et lassitude face à une mécanique un peu trop bien huilée. Reste que le livre fonctionne, et qu’un thème, également cher à Beinstingel, tire ce texte hors de la stricte littérature policière : le pouvoir des mots. Le narrateur, qui écrit pour la première fois de sa vie, apprend à apprivoiser le langage et découvre avec surprise à quel point noircir des pages entières le transforme.
Journal de la canicule (Fayard), 256 pages, 18 €
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