Selon une enquête de « The Intercept », Amazon profiterait des aides gouvernementales tout en cantonnant ses employés à de faibles salaires.
Même si Amazon se développe dans le monde entier, ses employés continuent d’être mal rémunérés. C’est ce qu’affirme une enquête du journal américain The Intercept, qui s’est penché sur les aides alimentaires attribuées aux salariés de la firme de Seattle. La journaliste Claire Brown a demandé les données de SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program, programme gouvernemental d’aide alimentaire) aux différents États américains, et les conclusions sont accablantes.
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Une disproportion des employés bénéficiant de l’aide alimentaire
Dans tous les États qui ont répondu à cette enquête, Amazon se classe quasi-systématiquement dans le top 20 des entreprises dont les employés ont le plus recours à SNAP. (Un classement où les chaînes de fast-food sont elles aussi – presque ironiquement – surreprésentées.)
Dans les faits, Amazon est le 28e plus grand employeur en Arizona, mais est 5e pour le nombre d’employés inscrits à SNAP. Un classement similaire à celui de la Pennsylvanie. Dans le Kansas et l’Ohio, l’entreprise ne figure même pas dans les 50 premiers employeurs de l’État. Pourtant, elle est respectivement 17e et 19e en termes d’effectifs ayant recours à SNAP. Même dans l’État de Washington, où se situe le siège social de la compagnie (avec de nombreux employés de bureaux théoriquement mieux rémunérés que ceux des entrepôts), Amazon est 17e au nombre d’employés inscrits à SNAP. Suffisant pour conclure qu’une grande partie des employés de l’entreprise sont faiblement rémunérés, et n’ont pas assez d’argent pour se nourrir.
Des salaires plus faibles que la moyenne du secteur
L’admissibilité au SNAP est corrélée au salaire donc, mais aussi à la taille du ménage, un éventuel statut de migrant, la propriété des biens et le coût de la vie de la région. Cette aide est distribuée par l’État dans lequel réside l’employé, et les autorités en question disposent d’une grande souplesse pour attribuer le programme conformément aux directives fédérales, selon The Intercept.
Peut-être les classements sont-ils biaisés par les postes à mi-temps ? L’entreprise affirme que plus de 90 % de ces emplois sont à temps plein. Alors que le contribuable américain subventionne abondamment la construction des entrepôts du géant de la vente sur Internet, Amazon paie des salaires inférieurs à ceux de ses concurrents. Selon cette étude, près de 9% en moins que la moyenne du secteur.
Fausses promesses
Et les emplois ne sont pas aussi bons que sur le papier. L’année passée, l’ouverture d’un entrepôt près de Miami était prévu, avec à la clé 2 300 postes avec une rémunération moyenne de 37 000 dollars. Pourtant, les négociations ont permis d’ouvrir le centre avec seulement 1 000 emplois pour un salaire moyen de 27 000 dollars. Des chiffres qui différent largement de ceux promis par la firme américaine.
En 2021, 50% de toutes les ventes en ligne aux États-Unis devrait être géré par Amazon. Un monopole du commerce électronique en pleine croissance, renforcé par les aides gouvernementales: 1,2 milliard de dollars de la part des gouvernements locaux et fédéraux, pour poursuivre la construction du réseau de la compagnie sur le sol américain. Pourtant, beaucoup des 200 000 personnes employées par l’entreprise outre-Atlantique n’ont pas assez d’argent pour se nourrir. Et ce alors qu’Amazon n’a pas payé d’impôt sur le revenu fédéral en 2017.
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