Les hommes politiques n’ont pas attendu Jean-Luc Mélenchon pour parler « dru et cru ». Sous la pression des joutes oratoires, leurs mots refoulés sont parfois pleinement exposés publiquement. Tour d’horizon de dix insultes qui sont restées dans l’Histoire.
http://youtu.be/QwSXG4uDyvM
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10 – « L’homme aux couteaux entre les dents »
Georges Marchais à Jacques Chirac – 1971
Dans l’émission A armes égales, Georges Marchais et Jacques Chirac font leurs débuts télévisés l’un contre l’autre. L’affrontement est d’une incroyable intensité. Pas encore secrétaire général du Parti Communiste mais déjà sûr de lui même et dominateur, Georges Marchais renvoie Chirac à son ambition et à son anticommunisme avec une réplique qui fera date : « On vous présente comme un jeune loup, l’homme aux couteaux entre les dents ». Nerveux et ne tenant pas en place, Chirac se contentera de répondre : « Entendre ça de la bouche d’un léniniste, cela ne manque pas de culot ».
http://www.dailymotion.com/video/x5xsl
9 – « La lâcheté »
Dominique de Villepin à François Hollande – 2006
Le 20 juin 2006, empêtré en pleine affaire Clearstream, Dominique de Villepin alors premier ministre, adresse une charge d’une rare violence contre François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste. Interrogé sur la gestion d’EADS, Villepin se chauffe avec une comparaison osée : « Il est des moments dans la démocratie où l’on ne peut pas dire n’importe quoi. On ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs ». Puis fixe Hollande et l’accuse à trois reprise de « lâcheté » sous les huées du groupe socialiste, vent debout. Droit comme un I, Dominique de Villepin poursuit son allocution jusqu’au bout tel un hussard. Le brouhaha oblige cependant Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée à interrompre la séance
8 – « Roquet »
Jacques Chirac à Laurent Fabius – 1985
La veille des élections législatives, Jacques Chirac, leader du RPR et chef de l’opposition affronte Laurent Fabius, alors Premier ministre socialiste. A plusieurs reprises, ce dernier interrompt Jacques Chirac. Piqué au vif, ce dernier lui balance : « Soyez gentil de me laisser parler et cessez d’intervenir incessamment un peu comme le roquet ». Déboussolé, Laurent Fabius rétorque avec des gestes de grands bourgeois puis répond hautain : « Je vous en prie, vous parlez au Premier ministre de la France ».
7) « Matamore »
Jean-Marie Le Pen à Bernard Tapie – 1989
« Vous êtes un matamore, vous êtes un tartarin, un bluffeur », s’exclame Le Pen en pointant du doigt Bernard Tapie. Installé sur deux tabourets de bar, le premier duel entre ces deux tribuns populistes tourne au pugilat. Face au franc-parler de Tapie, le président du FN joue d’abord la carte de l’invective littéraire mais très vite le débat tourne à l’affrontement physique. Bernard Tapie n’hésitant pas à vanner Le Pen sur ses rondeurs.
6) – « Gouvernement de tarés »
Edouard Drumond à Jean Marie de Lanessan – 1901
En pleine affaire Dreyfus, Edouard Drumond, violent député antisémite se met à insulter à plusieurs reprises des membres du gouvernement qu’il traite de « tarés » lors d’un discours à la Chambre des députés. Rappelé plusieurs fois à l’ordre, le créateur de la Ligue nationale antisémitique de France persiste. Exclu des débats parlementaires, il crie « A bas les juifs » avant de quitter la salle. L’affaire Dreyfus engendra des débats parlementaires particulièrement violents, trois ans plus tôt, Jean Jaurès, défenseur de Dreyfus, fut frappé à la tribune de la Chambre par le comte de Bernis, député monarchiste du Gard.
5) – « Agitateur de bistrot »
François Léotard à Jean-Marie Le Pen – 1998
Le débat a été oublié mais il fut sans doute l’un des plus violents de l’histoire de la télévision. Alors que la droite est tentée par une alliance avec le FN lors des régionales de 1998, François Léotard, chef de file de l’UDF-RPR et tête de liste dans le Var affronte Jean-Marie Le Pen, président du FN dont il mène la liste dans les Alpes-Maritimes. Au cours de cette confrontation, les débats volent bas. Ironique, François Léotard attaque Le Pen sur son âge et le traite d’ « agitateur de bistrot ». Mouché, Le Pen réplique : « On n’a que l’âge de ses artères, et il me semble que les miennes se portent mieux que les vôtres…», une allusion transparente au pontage de François Léotard en 1995.
4) « Tu es trop minable »
Daniel Cohn-Bendit à François Bayrou – 2009
A trois jours du scrutin des élections européennes de 2009, le ton monte entre les Verts et le Modem. Alors que François Bayrou lui reproche d’être allé trois fois déjeuner à l’Elysée, Daniel Cohn-Bendit s’emporte et lance furieux : « Mon pote, tu es trop minable, tu ne seras jamais président de la République ». Une réplique qui met le Béarnais hors de lui. Ce dernier accuse alors le leader écologiste d’avoir prôné des thèses pédophiles : « Puisque vous parlez d’ignominie, je pourrais moi aussi parler des ignominies que vous avez défendues en justifiant des actes vis-à-vis des enfants ». La grande classe…
3) – « Pauvre type »
Pierre Lellouche à Jean-Luc Mélenchon – 2009
Alors que Jean-Luc Mélenchon tente d’expliquer son opposition à l’OTAN sur le plateau de Ripostes, Pierre Lellouche ne cesse de l’interrompre. Excédé, le sénateur de gauche finit par lancer: «Vous êtes vraiment aligné sur les points de vue de la CIA . » Piqué au vif, Lellouche perd son sang froid et menace de le refroidir : « CIA ? C’est ça l’argument? Je suis peut-être CIA mais vous, vous êtes un pauvre type, Mélenchon! On serait au XIXe siècle, je vous provoquerais en duel et je vous flinguerais. Malheureusement, je peux pas… »
2) « C’est du nazisme »
Jacques Médecin à Simone Veil – 1974
L’ancien maire de Nice restera dans les annales politiques françaises comme l’homme de tous les Points Godwin. En plein débat sur le projet de loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse, défendu par Simone Veil en 1974, il déclarera le plus sérieusement du monde : « C’est de la barbarie, organisée et couverte par la loi, comme elle le fut, hélas ! il y a trente ans, par le nazisme en Allemagne. » Vraisemblablement féru d’histoire allemande, il filera la métaphore tout au long de sa carrière politique. En 1988, au lendemain de la réélection de François Mitterrand, il compare le programme commun de la gauche à Mein Kampf d’Adolf Hitler. Deux ans plus tard après le départ de trois de ses conseillers municipaux niçois après un flirt un peu trop poussé avec le FN, il aura ce commentaire : « Ce sont les juifs qui partent ».
1) – « Napoléon, le petit »
Victor Hugo à Louis-Napoléon Bonaparte – 1862
Après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Victor Hugo se réfugie à Bruxelles. En l’espace de quelques semaines, l’écrivain trempe sa plume dans le vitriol et pond l’un des plus grands pamphlets politiques de toute l’Histoire. « Je n’ai pas l’intention de faire un livre », écrivait-il alors, « je pousse un cri. »
Comparant Louis Napoléon Bonaparte à Napoléon Ier, le chef de file des romantiques dresse un réquisitoire implacable : « Se faire de la France une proie, grand Dieu ! ce que le lion n’eût pas osé, le singe l’a fait ! ce que l’aigle eût redouté de saisir dans ses serres, le perroquet l’a pris dans sa patte ! La civilisation, le progrès, l’intelligence, la révolution, la liberté, il a arrêté cela un beau matin, ce masque, ce nain, ce Tibère avorton, ce néant! », s’exclame Hugo.
Avec ce pamphlet, Victor Hugo a prouvé que « la bêtise et la brutalité n’outragent pas et que l’insulte intelligente est la seule insulte ». Après sa publication, Louis Napoléon Bonaparte est certes resté pendant dix-huit ans au pouvoir mais ce pamphlet a grandement contribué à sa légende noire.
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