La police brésilienne a interpellé l’ancien président Lula pour une affaire de pots-de-vin. Le dernier d’une longue liste de dirigeants sud-américains.
Même Lula ! Le 4 mars, au petit matin, la police fédérale brésilienne cueillait l’ancien président et fondateur du Parti des travailleurs chez lui pour qu’il soit entendu dans le cadre de la pire affaire de corruption jamais instruite au Brésil. Deux milliards de dollars de pots-de-vin distribués par le fleuron national Petrobras et une affaire qui touche députés, sénateurs, ministres et, donc, jusqu’à l’icône sud-américaine, Lula da Silva.
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Et pour le pire des péchés lorsqu’on est de gauche : des travaux luxueux dans la villa luxueuse d’un quartier luxueux de la capitale économique du pays, São Paulo. Et tout cela alors que le pays s’enfonce dans la récession et que le chômage ne cesse d’augmenter. Quelle chute !
Lula, leader syndical, Lula, président adoré
Le pire n’est pas l’humiliation subie devant les caméras et le pays tout entier. Non, le pire est la justification policiaro-judiciaire de cette opération : “Lula est un des principaux bénéficiaires des crimes commis dans le cadre de Petrobras.”
Lula leader syndical, Lula président adoré des Brésiliens, quittant le pouvoir avec une popularité inédite de 80 %, Lula imposant son successeur – Dilma Rousseff, qui avant dirigeait… Petrobras – Et maintenant Lula chef mafieux.
Le cas de Lula est d’autant plus amer qu’il est loin d’être unique en Amérique latine. Evo Morales, président de la Bolivie, est empêtré dans un scandale qui mêle favoritisme et vaudeville télénovelesque.
On lui reproche d’avoir obtenu un emploi pour sa maîtresse, Gabriela Zapata Montaño, mais aussi d’avoir eu un enfant avec elle, de l’avoir déclaré mort pour finalement le retrouver âgé de 9 ans et simplement éloigné de sa mère.
La gauche est tombée dans les mêmes travers que ses prédécesseurs
Au Chili, c’est le fils de la présidente Michelle Bachelet qui est mis en examen dans une affaire de trafic d’influence. En Argentine, l’ancienne présidente Cristina Kirchner est visée par une enquête sur le financement d’un réseau hôtelier lui appartenant.
Et lorsqu’elle n’est pas mise en cause pour des affaires de corruption ou de blanchiment, la gauche au pouvoir en Equateur, en Bolivie ou au Venezuela est accusée, à raison, de “caudillisme”, c’est-à-dire d’abus de pouvoir.
Alors que cette gauche est parvenue au pouvoir après des années de répression (Dilma Rousseff et Michelle Bachelet, torturées par les militaires, Evo Morales, Lula et Chávez, emprisonnés), elle est tombée dans les mêmes travers que ses prédécesseurs.
Un exercice du pouvoir sans partage
Que s’est-il passé ? Tout d’abord, un pouvoir sans partage : dans tous les pays dirigés par la gauche et touchés par des scandales, l’opposition, discréditée et divisée, n’a pas su faire assez peur aux nouveaux dirigeants pour les garder d’eux-mêmes.
Convaincus d’être en mission pour le bien de leur peuple et d’être détestés par l’élite locale (ce qui n’est pas faux), Evo Morales, Cristina Kirchner, Rafael Correa (Equateur), Nicolás Maduro (Venezuela) ont oublié toute mesure, toute prudence.
En Equateur, les médias ont été mis en coupe réglée par un président irascible. En Argentine, l’économie est victime de la paranoïa kirchneriste : six taux de change différents pour le dollar et interdiction de publier les chiffres de l’inflation.
Le seul pays où la gauche au pouvoir s’en tire mieux est l’Uruguay grâce à José Mujica, ancien président, figure morale authentiquement de gauche, et à une opposition qui n’a jamais déserté l’espace public une fois les élections perdues.
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