Un documentaire riche et soigné revient sur un moment-clé de la carrière de Bowie : son séjour, au milieu des années 1970, aux studios du château d’Hérouville, où il enregistra Low.
Quelques jours avant la sortie du nouvel album de David Bowie, le retour sur l’odyssée du chanteur que proposent Gaëtan Chataigner et notre collaborateur Christophe Conte sur France 4 tombe à pic. Comme une piqûre de rappel des multiples métamorphoses de la star, de son art de la disparition et de la réapparition.
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Dans leur David Bowie, l’homme cent visages – ou le fantôme d’Hérouville, ils évoquent, au cœur d’un récit ample et documenté sur sa carrière foisonnante, un moment particulier : celui de son séjour au milieu des années 1970 au château d’Hérouville, où Bowie enregistra plusieurs albums, dont le décisif Low.
Pour partir à la recherche d’un fantôme, mieux valait se rendre dans l’endroit qu’il a hanté : ce château qui appartenait à Michel Magne, compositeur de musiques de films (Les Tontons flingueurs, Fantômas…), et abritait des studios d’enregistrement restés mythiques pour avoir reçu Marc Bolan, Tony Visconti, Elton John, Pink Floyd, Iggy Pop, Brian Eno ou le Greateful Dead.
Un docu finement construit où s’entremêlent harmonieusement images d’archives et témoignages de personnalités
Avant de s’y installer et d’y enregistrer ses chansons au cœur de la nuit, à la recherche de sonorités expressionnistes ajustées aux ambiances fantomatiques du château sous acide, David Bowie avait déjà eu le temps de s’inventer des personnages (Ziggy Stardust, le mythe fondateur, Aladdin Sane, “l’envers dépressif d’une euphorie trop brutale”…) et de les faire disparaître en même temps que les paillettes du glam-rock se dispersaient dans un “génocide personnel”.
Chataigner et Conte font le récit circonstancié de ces avatars successifs, de ce sens théâtral, de ce tropisme artistique, en s’appuyant à la fois sur quelques sublimes images d’archives de la star, sur des témoignages de personnalités qui l’ont fréquentée (Jean-Charles de Castelbajac, l’ingénieur du son Dominique Blanc-Francard…), mais aussi des artistes d’aujourd’hui (Chilly Gonzales, Lou Doillon, Barbara Carlotti…).
Les auteurs restituent l’idée d’un parfum électrique
et d’un délire musical
Errant dans les escaliers du château et dans son jardin traversé par des créatures aguichantes, comme les spectres d’une époque festive et funeste, les auteurs restituent l’idée d’un parfum électrique et d’un délire musical propres à ce moment-clé de la créativité de Bowie, entre son séjour new-yorkais et son installation à Berlin.
Le son que Bowie invente avec son album Low, et qui infuse aussi le disque célèbre d’Iggy Pop, The Idiot, influencera plus tard une nouvelle scène anglaise, dominée par Joy Division… Au fil des chapitres successifs et des images (archives, actuelles, animées…) qui s’entremêlent harmonieusement, le film rend compte de cette étonnante capacité que Bowie eut, tout au long de sa vie, de changer autant que de s’effacer. Et de survivre à tout, y compris à ses propres rock and roll suicides.
David Bowie, l’homme cent visages – ou le fantôme d’Hérouville documentaire de Gaëtan Chataigner et Christophe Conte. Mercredi 6, 22 h 35, France 4
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