Le flow de Booba à la loupe, une fresque historique sur la classe ouvrière et l’odyssée à la voile du surfeur John John Florence : trois conseils médias.
L’Argot sous un garrot – La face cachée de l’œuvre de Booba
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Booba, ses clashs, ses polémiques… Et si on parlait d’autre chose ? Le documentaire L’Argot sous un garrot – La face cachée de l’œuvre de Booba se penche sur les textes de l’un des rappeurs les plus influents de ces vingt dernières années. Journalistes, linguistes, romanciers, tou·tes soulignent l’inventivité de ses paroles. Le linguiste Julien Barret y voit lui beaucoup de poésie, cette « liberté de l’usage de la langue » – « Fume du hash pour mourir, fume du hash pour guérir » (Couleur ébène, 2006). Et parle même d’une « grammaire du futur » qui tisse des liens avec le Moyen-Age, lorsque Booba supprime carrément les déterminants.
Pour Aurore Vincenti, linguiste, « le rap est la seule trace écrite d’un argot contemporain » et crée « un sentiment d’appartenance à un groupe », « une forme de complicité dans la langue » que seules certaines personnes comprennent. Un savoir-faire où le Duc de Boulogne excelle.
On aperçoit aussi des étudiants en droit s’affronter dans un concours de plaidoirie autour du procès – fictif – du rappeur. Booba y est alors comparé à un Brassens new generation ou même à un André Breton. Mais la culture populaire rap doit-elle forcément être légitimée par un parallèle avec des auteurs dits classiques ? A voir d’urgence sur internet, puisque les réalisateur·trices Olivier Pillot et Laura Millienne n’ont pas réussi à diffuser leur documentaire à la télévision, se sont autoproduits et l’ont balancé directement sur YouTube.
L’Argot sous un garrot – La face cachée de l’œuvre de Booba d’Olivier Pillot et Laura Millienne sur YouTube,
Le Temps des ouvriers
Alors que la mondialisation, l’ubérisation et le déclin des organisations de masse ont rendu ces dernières années l’idée de classe ouvrière lointaine, Arte diffuse une fresque historique virtuose qui rappelle tout ce que nous lui devons. Du XVIIIe siècle à nos jours, le réalisateur Stan Neumann (déjà auteur de Lénine, Gorki : la révolution à contretemps) explore la constitution objective et subjective de ce prolétariat que l’histoire a changé, mais qui a aussi changé l’histoire.
Alternant des témoignages d’ouvriers et d’ouvrières aujourd’hui (Ghislaine Tormos, Joseph Ponthus), des images d’archives et des analyses d’historien·nes et de philosophes tel·les que Jacques Rancière, Xavier Vigna et Marion Fontaine, Le Temps des ouvriers rend compte avec brio de la formation de la classe ouvrière, de son organisation progressive, des idéologies qui ont fait son identité (de la révolte luddite au marxisme), et de la lutte perpétuelle livrée entre patrons et “damnés de la terre”.
Au cœur de cette lutte, comme l’indique le titre de cette série en quatre épisodes : le temps. “Ce qui est central dans la souffrance ouvrière, c’est l’absence de temps. (…) L’ouvrier n’a pas le temps d’être ailleurs qu’à l’atelier”, note ainsi Jacques Rancière. Exploitation des enfants, mécanisation, grandes grèves, autogestion… Racontées par la voix de Bernard Lavilliers, auteur de l’hymne ouvrier Les Mains d’or, les luttes du passé reprennent vie et irriguent les rêves d’aujourd’hui.
Le Temps des ouvriers de Stan Neumann sur Arte le 28 avril à 21 h, sur arte.tv jusqu’au 26 juin
VELA
Le double champion du monde hawaïen de surf John John Florence vient de sortir une superbe série documentaire en quatre épisodes sur sa chaîne YouTube où il révèle sa passion pour la voile. Entre ses sessions de surf, John John n’a pas cessé de repousser les limites de la vitesse en catamaran avec sa bande de potes, aux abords des îles hawaïennes.
Alors qu’ils avaient atteint un seuil critique, et profitant d’une blessure qui l’empêchait de surfer, ils ont décidé de se lancer dans une traversée transpacifique, avec pour objectif d’atteindre l’atoll de Palmyra. “J’adore le surf et la compétition, et c’est là que je mets la majorité de mon temps, mais me blesser cette année m’a en quelque sorte donné le temps et la motivation pour faire de la voile et faire ce voyage de rêve que je voulais faire. Je voulais juste partir en haute mer et aller quelque part où aucun de nous n’avait été”, raconte le champion.
VELA nous embarque donc à bord d’un Gunboat de 15 mètres, avec son équipage, soudé par le défi qui l’attend et par l’aventure qui se profile. “Pour moi, la voile en général m’a ouvert les portes à un tout autre monde, raconte John John en voix off. Pouvoir voyager par voie marine, c’est un peu comme voyager dans l’espace, en un sens. Tu es dehors dans un infini désert, avec l’impression qu’il n’y a rien autour de toi. Il n’y a que l’océan.” Evidemment, alors que nos horizons sont à l’heure actuelle bouchés par le confinement, l’odyssée du surfeur est d’autant plus précieuse.
VELA de John John Florence sur YouTube
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