Dans son livre à paraître le 27 août, l’autrice Fatima Ouassak, cofondatrice du Front des mères et présidente de l’organisation féministe Réseau Classe/Genre/Race, invite les mères “à se muer en sujets politiques”.
Le combat des mères serait-il le grand oublié des luttes féministes ? C’est en tout cas ce qu’affirme la politologue Fatima Ouassak qui qualifie leur bataille d' »angle mort du féminisme ». Dans son premier essai féministe et combatif, l’autrice appelle les mères, figure selon elle « souvent boudée par les féministes et longtemps figée dans la représentation aliénante de la maternité » à se réapproprier leur pouvoir. En proposant à ces femmes de rompre avec tout ce qui est attendu d’elles, cette dernière porte l’espoir de voir émerger un nouveau projet politique « qui nous permettra de briser les systèmes d’oppression pour bâtir un autre monde ».
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Pour expliciter son propos, Fatima Ouassak part d’abord de son expérience personnelle, celle d’une mère militante à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. En décrivant les doutes, les peurs mais aussi les joies et l’espoir qui l’animent en tant que mère, exemples du quotidien à l’appui, elle parvient à retranscrire avec justesse les inégalités sociales dont les enfants issus des quartiers populaires sont victimes. « La présence policière dans les quartiers populaires et le lot de violences qui l’accompagne (…) ont pour fonction d’assigner à résidence des enfants à qui on ne reproche rien d’autre que d’exister », écrit-elle.
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« Les luttes des mères sont des luttes féministes, aussi »
Au-delà de son vécu, Fatima Ouassak s’appuie également sur des faits marquants et notamment les histoires de Fatima Bedar ou Malika Yazid, deux enfants victimes de racisme. Des éléments qui, combinés à son récit personnel, font de La puissance des mères, une œuvre complète.
Son essai a aussi pour ambition d’inciter les mères à se défaire des stéréotypes sociétaux liés à la maternité. Des clichés qui, selon l’autrice, les priveraient de toute forme de pouvoir ou d’émancipation. Si elle déplore l’invisibilisation des luttes des mères dans les mouvements féministes, la politologue en est convaincue : « le féminisme pourrait être pour les mères un puissant outil d’émancipation et de libération ». Pour elle, il s’agit de « redonner de la valeur sociale, symbolique et politique à ce que les mères sont et font déjà. Et de conquérir le pouvoir politique que les mères n’ont pas. » En citant les deux pans majeurs des combats des mères, à savoir refuser l’injonction à être mère d’un côté et se battre en tant que mère de l’autre, elle démontre en quoi les luttes des mères sont aussi des luttes féministes.
Dès lors, imaginer un projet politique dans lequel « les mères constitueraient un véritable levier révolutionnaire, projet décliné en stratégies, modalités d’action et perspectives politiques », devient possible. Mais derrière l’idée de reprise du pouvoir, se devine la nécessité, pour elles, de reconquérir le territoire, « En luttant collectivement et concrètement là où nous sommes, là où nous vivons, sur nos territoires, dans nos quartiers ».
Ainsi, La puissance des mères se lit comme « une montée en puissance, et non une assignation », un message d’espoir et la reconnaissance des mères comme d’un sujet politique majeur.
La puissance des mères, Pour un nouveau sujet révolutionnaire, de Fatima Ouassak, éd. La Découverte, 272p., 14€
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