Le parquet de Paris a ouvert une enquête contre le magazine qui a mis en scène la députée LFI en esclave africaine, dans une série de « politique-fiction ».
Après une condamnation unanime du monde politique, c’est la justice qui se saisit de l’affaire. Valeurs actuelles publiait jeudi 27 août l’épisode de son « roman de l’été » consacré à la députée La France insoumise Danièle Obono intitulé « Obono l’Africaine ». Le parquet de Paris a annoncé ce lundi 31 août ouvrir une enquête pour « injures à caractère raciste ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après Didier Raoult en Poilu dans les tranchées ou François Fillon à la Révolution française, le magazine d’extrême droite a voulu « expérimenter la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage » au XVIIIe siècle à la députée de Paris. Dans un récit de sept pages, illustré en noir et blanc, Danièle Obono était représentée de profil, avec un collier en fer autour du cou.
Il paraît 'Qu'on-Peut-Pu-Rien-Dire' #BienPensance. Heureusement on peut encore écrire de la merde raciste dans un torchon illustrée par les images d'une députée française noire africaine repeinte en esclave…
L'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même. pic.twitter.com/EupKSXZ207— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 28, 2020
>> A lire aussi : Qui est Danièle Obono, la députée ciblée par la fachosphère ?
Condamnation générale
Dès sa sortie, la classe politique s’est indignée du racisme de la publication et a soutenu la députée. Emmanuel Macron l’a appelée samedi 29 août pour lui faire part de sa « condamnation claire de toute forme de racisme ». Le soir, Danièle Obono disait « réfléchir » à porter plainte.
Toute ma solidarité à @Deputee_Obono bafouée par la presse d'extreme droite. https://t.co/vHEEZhxVPs
— Benoît Hamon (@benoithamon) August 29, 2020
La couverture de @Valeurs est d’un mauvais goût absolu, le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d’une élue de la république @Deputee_Obono
— W. de SAINT JUST (@wdesaintjust) August 29, 2020
Racisme ordinaire d'un journal prétendu d'opinion… Non le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Défendre madame la @Deputee_Obono -au delà de nos désaccords- c'est combattre l'abaissement sournois des esprits. pic.twitter.com/0JdpsDXqJp
— Christophe Castaner (@CCastaner) August 29, 2020
De son côté, Valeurs Actuelles a réagi sur Twitter, vendredi 28 août, parlant « d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIe siècle, terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir », avant de s’excuser auprès de l’élue dans un communiqué.
« Merde raciste » ? Il s’agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle…
➡️ Terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir et qu’apparemment, chère @Deputee_Obono, vous ne voulez pas lire. pic.twitter.com/aHC16cu1KP
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 28, 2020
Tugdual Denis, le directeur adjoint de la rédaction du magazine a concédé à BFMTV : « On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danièle Obono soit choquée. On s’excuse auprès d’elle à titre personnel » rappelant que son journal n’était « pas raciste ».
Le procureur de la République Rémy Heitz a indiqué aujourd’hui dans un communiqué que les investigations avaient été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ).
>> A lire aussi : Léonora Miano répond à “Valeurs Actuelles” et à sa caricature raciste dans un texte percutant
>> A lire aussi : Au cinéma, Antigone se confronte aux violences policières
{"type":"Banniere-Basse"}