Le crowdfunding, le financement collectif de projets par les internautes, s’est développé au point de s’étendre à tous les domaines possibles.
« Nous voulons que tout entrepreneur puisse s’adresser à des quantités d’investisseurs, même modestes, qui pourraient online mettre quelques milliers d’euros dans l’entreprise. » Le 3 mai, Laurence Parisot annonçait au Journal du net que le Medef allait proposer au nouveau gouvernement de se pencher sur le crowdfunding.
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Cette déclaration marque la reconnaissance par l’industrie traditionnelle d’un phénomène né d’internet et de ses valeurs de partage et de solidarité. La première plate-forme de crowdfunding, Artistshare, destinée au financement de disques par les fans, est née en 2001. D’après un récent rapport réalisé par Massolution, on en compterait aujourd’hui 452. En 2011, un million de projets ont été financés, levant plus de 1,5 milliard de dollars.
200 millions de dollars pour 20 000 projets
On trouve quatre types de plates-formes : celles fondées sur le don, celles qui en échange offrent des petits avantages, celles qui proposent le remboursement du prêt et celles qui, en plus, font bénéficier d’intérêts. En France, on connaît Kiss Kiss Bank Bank (300 projets financés, plus de 1,2 million d’euros collectés), Babeldoor, Octopousse, Friendsclear, Tous Coprod (consacré au cinéma), My Major Company (à la musique). La vedette mondiale est l’Américain Kickstarter, lancé en 2009, qui a déjà levé 200 millions de dollars pour 20 000 projets.
Idéal pour réaliser des petits projets sans passer par une banque, le crowdfunding permet aussi de tester la viabilité d’une idée et ajoute une dimension sociale en s’adressant directement aux personnes concernées. Le domaine culturel reste son principal débouché. Aux Etats-Unis, Kickstarter est devenu indispensable au cinéma indépendant comme le prouvent les dix-sept films présentés à Sundance cette année et financés ainsi.
Ceinture, boucherie, soda
Le principe se généralise : artisans (le ceinturon PaPa sur KissKissBankBank), petits commerçants (une boucherie porcine sur Kickstarter) ou inventeurs (les sodas de Brooklyn Soda Works) l’utilisent désormais. Les gadgets high-tech, en particulier, rencontrent un grand succès, comme les objectifs de Kogeto, qui permettent de filmer à 360° avec un iPhone, présentés au CES, salon consacré à l’innovation technologique à Las Vegas, ou la montre interactive Pebble, qui a recueilli plus de 10 millions de dollars, soit cent fois la somme désirée !
On trouve aussi des exemples de crowdfunding dans l’environnement (le projet Protei de construction d’un bateau drone dépollueur open source a reçu 33 795 dollars) ou l’urbanisme : à l’occasion de la Biennale d’architecture de Rotterdam, un pont provisoire dont la longueur dépendra des investissements des internautes sera construit dans la ville ; à New York, des designers qui étudient l’idée d’une piscine sur l’Hudson ont déjà récolté plus de 40 000 dollars.
Sauvegarde des jaguars
Les causes humanitaires (Causes.com), les journalistes qui cherchent à financer leurs reportages (Spot.us) et la recherche scientifique (Petridish.org) ont également leurs sites de crowdfunding. Parmi les projets déjà financés par Petridish.org, la sauvegarde des jaguars du Nicaragua ou une étude sur l’existence d’exo-lunes…
Favorisant l’initiative et l’entrepreunariat, les plates-formes de crowdfunding permettent de mener à bien des ouvrages qui sans elles resteraient à l’état de projet. Mais la bonne volonté, le flair ou l’engagement des internautes se substituent parfois à la responsabilité des acteurs publics ou privés. Il ne faudrait pas que ces derniers cèdent à la tentation de se reposer dessus.
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