En marge des manifestations en faveur de Julien Coupat, quatre éditeurs engagés ont été mis en garde à vue la semaine dernière. C’est tout un milieu qui est dans la ligne de mire du gouvernement.
« Dans quel pays vivons-nous où les auteurs et éditeurs sont assimilés à des terroristes dès lors que les idées qu’ils professent ne conviennent pas à quelques-uns ?”, s’indigne la rédaction du Matricule des anges. Lundi 18 mai, quatre éditeurs ont été arrêtés par la police judiciaire de Marseille et des unités antiterroristes et mis en garde à vue pendant un jour et demi, quelques jours après l’interpellation dans la région de Rouen de trois personnes soupçonnées d’être des proches de Julien Coupat.
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Que reproche-t-on aux éditeurs François et Johanna Bouchardeau, anciens directeurs de HB éditions (qui avait jusqu’à sa fermeture en 2008 une petite collection politique) et Samuel Autexier et sa soeur Héléna, directeurs un temps d’une collection chez Agone, spécialisée dans la critique politique ? La participation à une manifestation à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) pour soutenir le jeune homme, détenu depuis novembre 2008 pour sa participation présumée au sabotage de lignes TGV.
Editeur politique indépendant est devenu un métier à haut risque : en avril dernier, c’était le directeur de La Fabrique éditions, Eric Hazan, qui était entendu par la police pour avoir publié L’Insurrection qui vient, nouveau manuel de la contestation dont on soupçonne Julien Coupat d’être l’auteur.
Et la tension ne risque pas de retomber avec le réel engouement que suscitent les ouvrages d’éditeurs comme Agone, Raisons d’agir ou Les Prairies ordinaires. Dans le top 100 des ventes d’essais de ces dernières semaines, à côté des classiques pavés de Bayrou ou d’Attali, figurent deux essais de La Fabrique : le désormais célèbre L’Insurrection qui vient et Démocratie, dans quel état ?, auquel ont contribué notamment Daniel Bensaïd, Jacques Rancière et Alain Badiou.
“On n’aurait jamais imaginé ça il y a dix ans.” Quand Rémy Toulouse a fondé Les Prairies ordinaires en 2005, il avait l’intuition qu’il existait un public pour des essais politiques publiés par des éditeurs indépendants mais il n’avait pas prévu un tel enthousiasme. “Il y a d’abord une réaction face aux mandarinats universitaires. Mais aussi face à la crise économique, à la violence idéologique du gouvernement, à l’assaut massif contre la démocratie.” C’est dans ce contexte d’effervescence que, du 29 au 31 mai, se tiendra à Paris le Petit Salon de l’édition politique. Rencontres, lectures mais aussi projections – parmi lesquelles celle de Chomsky & Cie, le film d’Olivier Azam et Daniel Mermet sur le philosophe américain – attendront un public qui, selon Rémy Toulouse, “souhaite se nourrir théoriquement pour savoir comment agir”.
Gladys Marivat
Petit Salon du livre politique, les 29, 30 et 31 mai au Lieu-Dit, Paris XXe, tél. 01.40.33.26.29, www.lelieudit.com
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